Produit au festival d’Avignon en 2016, Oliver Py monte « Eschyles » hors des théâtres. L’idée d’un théâtre itinérant, mobilisant peu de moyens, s’est rapidement imposée que son équipe passe de pays en pays en représentations. Pour ce week-end, la compagnie prend place sur les planches de l’Institut français à Analakely pour deux représentations.
Les pièces d’Eschyles se prêtent particulièrement bien à ce mode théâtral car elles sont courtes, essentielles, politiques. Le public sait d’emblée qu’il touche là à des textes patrimoniaux indispensables, fondateurs, en l’occurrence les plus anciennes pièces de théâtre de l’humanité. Il y a, dans les pièces d’Eschyles, un élément pédagogique, une leçon de civisme.
Selon le metteur en scène Oliver Py « il s’agit d’intervenir dans ce qui fait les fondements de la démocratie. Les Suppliantes abordent les fondements de la démocratie à travers deux questions: l’accueil de l’étranger et le droit des femmes ; des sujets particulièrement puissants lorsque nous jouions, par exemple, pour des associations de femmes immigrées ». « Les spectatrices d’alors n’imaginaient pas que, leur histoire avait été racontée 2500 ans plus tôt », relate-t-il.
Prométhée enchaîné, la seconde pièce est toute divine, elle ne met en scène aucun mortel. Le dieu enchaîné incarne la figure de la contestation du pouvoir absolu, il est le prisonnier politique par excellence. Il s’agit d’une pièce à la fois métaphysique et politique : Prométhée s’adresse à Zeus, qui est ici la figure du pouvoir suprême. C’est la démocratie qui est en jeu, fondée sur le droit à la parole, à la contestation, comme régime dans lequel on peut dire le contraire de ce que dit le souverain.
Zo Toniaina