
Un beau projet où l’art prend tout son sens avec « Seho rano iray » de la compagnie Miangaly Théâtre à Ivelo et Amparihy aux environs de Vontovorona en collaboration étroite avec la compagnie française « L’autre main ». Un dispositif d’« Accès Culture Afrique ».
C’est en souvenir de la troupe Landy Volafotsy que ce projet « Seho rano iray » de la compagnie Miangaly Théâtre s’est tenu à Ivelo et Amparihy dimanche, une localité faites de rizières et de latérite à quelques encablures de la capitale. « Oui en effet, la compagnie Landy Volafotsy a initié ce théâtre en milieu rural », reconnaît Fela Razafiarison, directrice de la compagnie. Par le peuple et pour le peuple, ce projet qui reprend les fondements du théâtre de la Grèce antique est né en 2022/2023. Au mois d’août 2025, le conte « Ranoro », un spectacle folklorique, un cirque, et de la poésie… investissent les places des deux villages sous le regard conquis des locaux. « Sur l’un des spectacles nous avons choisi la maison d’un habitant du coin comme décor », comme si celle–ci faisait partie de la pièce, ajoute Fela Razafiarison. D’un coup la dimension artistique a transcendé le village, et par ricochet les villageois, qui se sont retrouvés happés dans le tourbillon de l’histoire proposée. « Il y avait une scène où il fallait trouver de l’eau, alors les villageois ont accompagné les comédiens vers le point d’eau ». Déambulatoire, « Seho rano iray » tente d’offrir le maximum de discipline. Dans ces lieux où l’offre culturelle se limite forcément à la musique, sans doute aussi les « télénovelas », y intégrer le théâtre pouvait être un pari. « Quand vous venez chez quelqu’un, il a ses habitudes, ses manies, ce n’est pas à vous d’imposer. C’est aussi dans cette optique qu’il a fallu mener le projet dans ce village, c’est une posture à tenir », met en avant Fela Razafiarison. Mais le besoin était déjà là, il fallait seulement que la compagnie Miangaly Théâtre se tourne vers Ivelo. Le président du fokotany a été enthousiaste, la population en veut encore. Le pari est gagné pour la troupe. « Les villageois nous ont demandé de revenir ». La suite du projet est de toujours intégrer Ivelo dans la préparation, les démarches artistiques, l’organisation… Le rêve de la troupe – un délire avec la politique culturelle à Madagascar – est d’élargir les horizons et de proposer des arts de la scène et du théâtre dans d’autres villages ruraux de Madagascar.
Maminirina Rado