Servante de Dieu, prophétesse et évangéliste hors pair, Germaine Volahavana, plus connue sous le nom de Nenilava était la pionnière du mouvement de réveil d’Ankaramalaza. Un ministère perpétué à travers les générations, qui rassemble pas moins de 15 000 personnes chaque année dans le village d’Ankaramalaza. Des électeurs potentiels en 2023.
Ankaramalaza tampon-tanàna, le carrefour du village
Mouvement de réveil Ankaramalaza (MRA)
Dans le domaine de la foi chrétienne à Madagascar, le Mouvement de Réveil Ankaramalaza est le troisième après celui de Soatanana, Manolotrony et avant Farihimena dans l’ordre chronologique. La dernière semaine du mois de juillet et les deux premiers jours du mois d’août, chaque année, entre 15 000 et 20 000 pèlerins de toute la Grande île affluent à Anakaramalaza pour revenir à la source. Rendez-vous annuel incontournable et de grande envergure, cela fait 81 ans que « Le fihaonambe isantaona d’Ankaramalaza » existe. Lieu de pèlerinage depuis 1941, Ankaramalaza est considéré comme terre sainte. Jusqu’en 1998, à la mort de Nenilava, 45 centres rattachés au Mouvement de réveil Ankaramalaza ont été implantés dans plusieurs régions de la Grande île. Ceci a facilité la consécration de milliers de bergers lors des conventions annuelles respectives de ces centres. 22 ans plus tard, le nombre de centres rattachés s’élève dorénavant à 80 dans tout Madagascar.
Situé à 600 km d’Antananarivo, Ankaramalaza se trouve à environ 60 km au Sud de Manakara. On y accède par une petite route bitumée et une piste en terre. À l’heure actuelle, le « Toby Ankaramalaza » est un des centres de réveil spirituel et de raffermissement de la foi chrétienne aussi bien connu à Madagascar qu’à l’étranger. Dans le temps, le « Toby Ankaramalaza » était dirigé par Nenilava. Actuellement, il est administré par un comité local. La population fluctue de manière continuelle en raison des arrivées de malades et des départs de personnes guéries enregistrées au cours de l’année. Plusieurs activités d’ordre social y sont entreprises. Visant d’une part à mettre à la disposition de la population les usages nécessaires en matière de santé et d’éducation. D’autre part, cela consiste à aider les familles les plus démunies à subvenir à leurs besoins. Par ailleurs, quelques projets de développement ont pu être réalisés à divers degrés. Surtout à l’occasion de la convention annuelle. Selon Jaona Andrianasolo, secrétaire général du bureau central du Tobilehibe Ankaramalaza, la localité travaille en étroite collaboration avec la Jirama pour l’adduction en eau potable. Cette année, une vingtaine de bornes fontaines ont été additionnées. De même, deux groupes principaux alimentent tout le village en matière d’électricité. Les techniciens œuvrent pour l’autonomisation d’Antoby et d’Ambohitr’Andriamanitra qui ont fait office de lieu de culte diffusé en direct depuis l’église mère FLM Ankaramalaza.
Traversée de rivière à Ankaramalaza
Nenilava, bâtisseuse du centre de réveil d’Ankaramalaza
Germaine Volahavana à l’état civil est originaire d’Ankaramalaza. Un petit village situé dans la circonscription de Manakara au Sud-Est de la Grande île. Née vers 1918, elle a vécu plusieurs évènements qui l’ont préparé à répondre à l’appel de Dieu pour faire d’elle une personne hors du commun. De 1930 à 1941, sa vocation s’est progressivement affirmée à travers de multiples circonstances, la préparant ainsi à accomplir de grandes œuvres.
La femme étant reléguée au second rang, cela ne lui permettait pas à l’époque ni d’évangéliser ni de prêcher la bonne nouvelle. De plus, elle ne savait ni lire ni écrire, ce qui rendait quasiment impossible sa volonté d’entrer dans la voie de l’évangélisation avec une connaissance très limitée de la parole de Dieu, d’autant plus qu’elle était très jeune à l’époque. Toutefois, comme Jésus l’a assuré à Nenilava afin de lui donner les moyens d’accomplir la mission qui lui a été confiée. Il lui apprend d’abord le parler en langue qui devient alors leur mode de communication.
Evangéliste itinérante, Nenilava a consacré une trentaine d’années, soit entre 1941 et 1973, à faire des voyages missionnaires notamment à Vohipeno. En principe, lors de chaque voyage, une lettre d’accréditation, signée par le pasteur centre Ankaramalaza, lui servait d’introduction auprès des autorités de l’Église en charge des régions qu’elle visite. Mis à part la louange en chant, les prières libres et spontanées, elle primait la prédication.
Cela s’est passé un 2 août 1941
Trois événements marquent le début du ministère de Nenilava. Des visions et des révélations sur la « géhenne de feu » confortèrent l’appel de Dieu en mais 1941. Les deux autres évènements se déroulèrent dans la nuit du 1er au 2 août 1941. D’après le livre « Témoignage de Nenilava » de Jaona Andrianasolo et Yvonne Randriamanantena sorti en 2007, cette nuit-là, Jésus lui apparut et lui ordonna de chasser les démons d’une jeune fille tourmentée par les mauvais esprits et qui était en pleine crise depuis quelques jours. Un serviteur de Dieu du nom de Petera, bien connu dans la région avait déjà pris en charge la jeune fille auparavant, la veille, puis durant toute la journée du 1er août, mais l’état de celle-ci ne s’est pas amélioré pour autant. Nenilava s’est sentie propulsée sur la scène malgré elle. Elle sentit une force mystérieuse la pousser à se lever puis à chasser les mauvais esprits qui hantaient la jeune fille. Au nom de Jésus de Nazareth. Un terrible combat spirituel s’ensuivit alors entre Nenilava et les démons. Au terme du combat, ceux-ci sortirent de la malheureuse, en criant que “Celui qui est plus puissant qu’eux est venu”. La jeune fille fut guérie cette nuit. Ce qui s’était passé cette nuit-là fut pour Nenilava comme un signe venant de Dieu pour lui montrer que son heure était venue. En souvenir, la date du 2 août est célébrée depuis par le Mouvement de Réveil Ankaramalaza (MRA), dans le cadre de la convention annuelle tenue à Ankaramalaza.
Bevorotsihy, lieu de recueillement
Ambohitr’Andriamanitra abrite l’actuel hôpital luthérien du village. À quelques mètres se trouve Bevorotsihy, lieu de recueillement des pèlerins. Selon les dires, cette montagne est le lieu où la foi de Nenilava a été mise à l’épreuve. Afin de la préparer aux difficultés de son ministère, elle a subi à maintes reprises des expériences qui la confrontaient non seulement au diable mais aussi aux convoitises de la chair. Un évènement particulier qui reste mystérieux jusqu’à ce jour marqua cette période. Nenilava racontait qu’une fois Jésus l’obligea à combattre une bête ressemblant à un dragon. Après quatre jours de combat en sueur et en sang, elle en est finalement venue à bout au nom de Jésus. Depuis, chaque année, des milliers de personnes y viennent pour prier le Seigneur. Comme il est écrit dans Philippien 4:6, « Ne vous inquiétez de rien; mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces. 7 Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus-Christ. » Seul, en groupe en famille, entre amis… les gens prennent du temps chacun dans son coin, dans le pré, sous les arbres, un peu partout sur le site pour adresser des demandes particulières en prières et des supplications. Bon nombre des pèlerins témoignent ensuite de la réalisation de leurs vœux de prière et affirment recevoir leur miracle en temps et en heure.
La convention 2022
Du 27 juillet au 2 août, une vingtaine de cultes à raison de quatre cultes par jour remplissent l’agenda des pèlerins. Une cinquantaine de pasteurs et de responsables spirituels se relayent au pupitre pour les prédications, l’annonce de la bonne nouvelle, le retour à la source. « Car personne ne peut poser d’autre fondement que celui qui est posé, lequel est Jésus-Christ », ce verset tiré du livre I Corinthien 3 :11 a été le fil d’or de cette convention annuelle. Parmi les milliers de personnes présentes, la population locale, des personnalités publiques et des officiels. Christine Razanamahasoa, « mpiandry » et non moins présidente de l’Assemblée nationale a tenu en compte, lors de son discours, des plaintes de la population locale qui subit encore les conséquences du passage du cyclone Batsirai. Par ailleurs, elle a également apporté sa pierre à l’édifice pour la reprise du « lakozia be ». Par la même occasion, des gouverneurs et des députés étaient également présents lors de la consécration des 347 nouveaux bergers.
Christine Razanamahasoa, mpiandry et présidente de l’Assemblée nationale
Le ministère du berger
Au début du ministère de Nenilava, le ministère du berger (mpiandry) était déjà bien connu et exercé à Soatanana et Manolotrony. Au vu de l’affluence des personnes au centre Ankaramalaza vers les années 50, Nenilava travaillait étroitement avec des « pastora ». De même, des « mpiandry » étaient consacrés pour devenir des proches collaborateurs à partir de 1960. Leur mission consiste à l’annonce de l’évangile et le « fampaherezana ». Pour devenir berger, une personne suit une formation de deux ans, avec un âge minimum de 25 ans lors de la consécration. Une formation assurée par un groupe de pasteurs et d’anciens bergers. Chaque année, le nombre de bergers consacrés avoisine la centaine. Pour cette année 2022, au centre Ankaramalaza, 347 personnes viennent de rejoindre la grande famille des bergers sous le nom de la promotion « Fanorenana ». Un record en matière de nombre de consacrés.
La promotion « Fanorenana » de 2022 compte 347 nouveaux bergers consacrés
Zo Toniaina