
Le gaz est fourni à partir des ordures et toutes les saletés du marché Scama. Ce gaz est bon marché et convient pour tout usage domestique. L’Ong Welt hunger hilfe (WHH) dans le cadre de son Projet d’assainissement solide et sécurité alimentaire à Toliara (PASSAT), lutte pour rendre la ville plus saine et propre, tout d’abord en appuyant la commune urbaine de Toliara dans le service de ramassage des ordures, le triage de ces mêmes ordures et leur valorisation sous plusieurs formes : le compost, les briquettes et le biogaz. Voici le témoignage d’un homme pour qui le projet PASSAT changea son quotidien. La scène se déroule au cœur de la cité du soleil. La misère serait-elle plus facile à supporter sous le soleil ?
Eddy 25 ans, célibataire, était un jeune chômeur sans avenir qui errait dans le quartier du marché Scama. Ne sachant que faire de ses journées, il rendait de menus services aux commerçants du marché pour survivre au quotidien. Pourtant, un beau jour du mois d’octobre se présentèrent à lui des étrangers d’une organisation au nom imprononçable, un nom qu’il oublia sur le moment mais qui pourtant allait changer sa vie. Une fois les lieux assainis, les étrangers lui proposaient d’en devenir le gardien des lieux, s’il consentait. Il n’avait jamais vu un changement extraordinaire du lieu car cet endroit devait être transformé en site de valorisation de déchets organiques qui allait fournir du gaz pour lui et pour les commerçants du quartier. Bien qu’il ne comprenne pas tout, Eddy accepta immédiatement leur proposition.
Du biogaz gratuit. En réalité le site en question allait accueillir un bio-digesteur, l’équivalent d’un énorme estomac, qui transforme les déchets organiques en gaz et qui nourrissait d’engrais des pépinières de cultures maraîchères. Le but étant d’améliorer la sécurité alimentaire et de substituer le charbon de bois, très polluant, au gaz tout en faisant comprendre aux populations environnantes l’intérêt de cette nouveauté. Eddy suivait l’évolution des travaux et après quelques temps, il finit par comprendre l’importance que pouvait avoir ce projet, pour lui, sa famille et ses voisins. Effectivement, ne plus utiliser de charbon de bois lui permettait au moins d’économiser quelques Ariary par jour. Evidemment notre héros devait tenir le site propre car des émissaires de toute la ville passaient régulièrement visiter son terrain. Même les enfants et les étudiants étaient curieux de découvrir comment les déchets pouvaient être transformés en énergie. Eddy était fier de sa nouvelle situation, celle d’avoir trouvé un travail digne de ce nom, de pouvoir offrir à la population un lieu de vie propre, fier d’utiliser une nouvelle technique qui lui paraissait si moderne et qui réduisait la pollution. Bref, une véritable avancée dans sa vie. Le regard des autres aussi avait changé car il n’était plus un jeune chômeur sans avenir qui trainait sans but dans la vie, il était le gardien d’un lieu devenu très à la mode et tellement utile à la ville depuis qu’il avait été rénové. Eddy espère avec sincérité que l’existence de ce site durera dans le temps, qu’il restera fonctionnel durant le projet PASSAT et même après le départ de ces étrangers, pour qu’il puisse continuer d’offrir une vie plus confortable à sa famille et pour que les siens soient fiers de lui.
Charles RAZA