Le reportage d’une consœur, publié sur Facebook, a eu un retentissement bien au-delà de nos frontières, et plus que les mots, il illustre parfaitement la situation catastrophique régnant dans la région d’Ambovombe Androy. Cette fois-ci, ce sont des images qui ont montré le drame vécu par la population. Depuis le début de l’année, on parle de “kere” et d’habitants n’ayant rien à manger. Ce qui survient dépasse l’entendement. Des gens sont réduits à ramasser, chez les cordonniers, des restes de cuir inutiles pour les faire bouillir et en faire un repas frugal. On savait qu’il y avait péril en la demeure mais il faut affronter la vérité en face et il n’est plus possible de se contenter de demi-mesures. Il est nécessaire de mobiliser des moyens pour que le Sud ne devienne pas un mouroir pour hommes, femmes et enfants en détresse.
Tout faire pour venir en aide à nos compatriotes du Sud
C’est un “kere” d’une ampleur sans précédent qui est survenu cette année. Le PAM et l’UNICEF ont parlé de plus d’un million de personnes victimes de la famine à la fin du mois d’avril. Le régime a essayé de répondre à l’urgence alimentaire, mais on s’est rendu compte de l’insuffisance de la réponse. La catastrophe climatique n’a fait qu’empirer les choses. Les organisations humanitaires se sont mobilisées pour venir en aide à la population. Les fonds octroyés par la communauté internationale n’ont pas suffi. Les reportages faits sur le terrain par des journalistes ont permis de voir l’étendue du désastre humanitaire. Ce qu’une de nos consœurs a filmé dans un village de l’Androy nous interpelle et nous met tous face à nos responsabilités. On mesure le dénuement de la population. Il n’y a pas eu de guerre mais il faut tout faire pour survivre. La scène rappelle étrangement celle des compagnons de Mao Tse-Toung, lors de la Longue marche, obligés de faire bouillir leur ceinture en cuir pour ne pas mourir de faim. Aujourd’hui, on est au XXIe siècle et c’est l’épreuve du “kere” qui doit être surmonté. Il est nécessaire de tout faire pour venir en aide à ces compatriotes au bord du désespoir.
Patrice RABE