Les retombées de 4,5 tonnes d’or exportées ont échappé à la caisse publique entre 2018-2021 selon le rapport publié par la Cour des comptes.
Un autre rapport accablant. Cette fois-ci, les juges des comptes publics ont fouillé, entre autres, dans la gestion des ressources minières, notamment l’or. Les résultats de leur investigation, qui font froid dans le dos, ont été publiés hier dans le cadre d’une cérémonie officielle qui a eu lieu dans les locaux de la Cour suprême à Anosy. Les statistiques qui ont été avancées mettent en évidence l’envergure d’une gestion catastrophique des ressources aurifères du pays entre 2018 et 2021. En effet, selon la Cour des comptes, un « écart de 4,5 tonnes d’or a été constaté entre les déclarations d’exportation d’or faites par Madagascar et les déclarations d’importations y provenant entre 2018 et 2021 ». Ces opérations ont fait perdre l’équivalent de 779 milliards d’ariary en devise étrangère, selon toujours les juges de la Cour des comptes. L’étude menée par cette juridiction a concerné la production et la commercialisation de l’or dans le seul district aurifère de Maevatanana, notamment dans les communes d’Andriba, Antanimbary, Antsiafabositra, Beanana ainsi que Maevatanana I et II.
Mauvaise gestion
Les juges de la cour des comptes n’ont pas évalué les activités dans les mines d’or aussi actives, dans les trois autres districts aurifères de Dabolava, Mananjary et Betsiaka, mais dans le seul district de Maevatanana, la Cour déplore déjà un « suivi insuffisant dans les activités d’orpaillage ». Et les lacunes ont « de lourdes conséquences pour les finances publiques ». « 15,5 milliards ariary de recettes publiques ont été perdues entre 2018 à 2021, dont 4,5 milliards de redevances minières pour l’Etat et de 11 milliards d’ariary pour les collectivités territoriales » selon la Cour des comptes. A cause de cette mauvaise gestion qui provient de la « non-maîtrise des statistiques d’orpailleurs, du non-respect des procédures par les acteurs, de la non-maîtrise des données afférentes aux collecteurs et du manque de traçabilité dans le circuit de production et de commercialisation de l’or »; soutiennent les juges. Le rapport des juges témoigne, en effet, du grand bazar qui a régné dans la gestion de cette ressource stratégique du pays, entre 2018 et 2021, période durant laquelle Fidiniavo Ravokatra a tenu les commandes du ministère des Mines et des ressources stratégiques.
Haut responsable
Le trafic d’or dans le pays est de notoriété publique. La complicité de certaines personnalités hautement placées l’est également. Les exportations illicites de 73 kg d’or en Afrique du Sud et d’autres 49 kg de lingots vers les Comores ont défrayé la chronique. Elles démontrent que le pays est un terrain propice au trafic de ce métal précieux. Mais l’appareil d’Etat semble avoir démontré ses limites pour mettre un terme à ce fléau. Les enquêtes, jusqu’ici annoncées à tout bout de champ par les hauts responsables, ne parviennent pas toujours à mettre la main sur les différents maillons de la chaîne du trafic. Les véritables cerveaux et commanditaires traînent toujours. Cette situation alimente le doute sur l’efficacité de la justice à éradiquer le trafic d’or. Certains usent de leur influence pour tourner le dos à la justice et laisser le champ libre aux trafiquants. Concernant, par exemple, le cas des 73 kg d’or qui ont été saisis par le gouvernement sud-africain depuis 2020, une source au courant du dossier a affirmé qu’un ancien haut responsable d’une institution, en poste entre 2019 et mars 2022, n’a jamais répondu aux convocations du Pôle anti-corruption dans le cadre de l’enquête sur cette affaire qui a défrayé la chronique.
Gaspillages
La Cour des comptes a également affirmé dans son rapport des « irrégularités dans l’utilisation des ristournes minières issues du projet Ambatovy au profit des collectivités territoriales décentralisées entre 2018-2021 ». Ce sujet a, plusieurs fois, été abordé par certains élus locaux et la Cour des comptes l’a aujourd’hui dévoilé au grand jour. « 11,4%, soit 3,2 milliards d’ariary, des ristournes consacrées au financement d’infrastructures ont fait l’objet de dépenses irrégulières », a affirmé la Cour des comptes. Pourtant, selon les juges de la juridiction, 65,5 milliards d’ariary ont été versés par le projet Ambatovy aux régions Alaotra Mangoro, Atsinanana et aux communes rurales d’Ambohibary, d’Andasibe, d’Ambohitandroho, de Toamasina suburbaine et de Vohitranivona. Mais la manne n’a pas pu « pleinement contribuer au développement économique et social de ces collectivités », constatent-ils. La « manne financière a conduit à des gaspillages importants et des malversations, notamment les chevauchements, les travaux payés non achevés, la sous-exploitation des acquisitions ou encore les travaux non conformes », a affirmé la Cour des comptes.
Rija R.
Pour diminuer le trafic et corruption du secteur minier, la première mesure est de lever en totalité la suspension des permis, d’accepter le renouvellement des permis et la collecte. Les demi-mesures actuelles restent très insuffisantes. En effet, ces producteurs des pierres précieuses et semi précieuses coulent et vendent leurs produits dans les secteurs informels, sans papiers, sans traçabilité aucune. Ce genre d’ennuis est prévisible depuis la suspension des permis. Le risque de corruption est très élevé avec ce blocage des permis. Le manque à gagner de l’Etat risque d’augmenter si la suspension reste partielle. Nous ne cessons pas d’alerter le Pouvoir Public sur l’existence de ce risque élevé. La solution est à la portée de l’Etat.
Silence , on…tue .
Si l’on voulait mettre à bas Madagascar , on ne s’y prendrait pas autrement : Bloquer l’économie de l’Atsimo Andrefana, brader toutes les ressources et sources de ressources nationales (produits d’exportation , terres arables , ressources halieutiques..) , dynamiter le système éducatif…et ériger… la corruption et l’impunité du grand banditisme en col blanc …en vertus .
Je partage l’analyse et l’avis de Marcellin (que je salue au passage) .