La riche biodiversité de Madagascar n’est pas à l’abri de trafics en tous genres touchant les espèces endémiques floristiques et faunistiques.
Les tortues figurent parmi les espèces sauvages les plus au cœur des trafics à Madagascar, ainsi que plusieurs autres espèces endémiques. La tortue radiée (Astrochelys radiata) en particulier, est fortement touchée par le trafic, non seulement au niveau national, mais également dans le monde. Il n’est pas rare de voir cette espèce de tortue vendue « librement » dans divers endroits du pays, notamment dans la partie sud. De même, la domestication de la tortue radiée n’est pas une exception, bien que légèrement en baisse, ces dernières années, après les diverses actions de sensibilisation. Il n’en demeure pas moins qu’un certain nombre de ménages ne sont pas encore suffisamment informés sur le fait que la possession d’une tortue chez soi est interdite par la loi. De même, la croyance populaire attribue certaines vertus à la tortue comme étant bénéfique contre l’asthme, ou contre certains types de sorcellerie. Le trafic à visée internationale reste quant à lui toujours tenace.
Palissandre, ébène et bois de rose
Quant au bois précieux, leur haute valeur commerciale fait de ces espèces des « produits » hautement recherchés à l’international, au point de causer des abattages illicites dans les zones protégées et des ventes illicites vers les quatre coins du globe. Outre le bois de rose, au cœur d’un trafic sans précédent ces dernières décennies, le bois d’ébène et le palissandre sont également fortement recherchés.
La biodiversité extrêmement riche de la Grande île suscite les convoitises. En effet, Madagascar est l’un des pays les plus riches en biodiversité au monde avec 80% d’espèces endémiques faunistiques et floristiques. Toutes ces espèces intéressent de nombreux trafiquants aux niveaux national et international. Une situation qui, au même titre que la dégradation de l’habitat des espèces sauvages, se traduit par des pressions de plus en plus fortes, et la menace d’extinction des espèces. WWF Madagascar, en particulier, tire la sonnette d’alarme sur la question.
Corruption
La persistance de la corruption reste un obstacle majeur pour la lutte contre le trafic d’espèces sauvages. A noter que l’indice de perception de la corruption (IPC) de 2022 attribue un score de 26 sur 100 à Madagascar, et classe le pays à la 147e place sur 180 pays. Selon WWF, les registres de saisie indiquent qu’entre 2000 et 2021, quelque 121 saisies impliquant des espèces sauvages de Madagascar ont été signalées à l’international, tout en précisant que parmi les 121 saisies, 77 ont eu lieu à Madagascar et les 44 autres ont été le fruit des actions des autorités des pays de destination ou des pays de transit. Les tortues endémiques de Madagascar se trouvent en bonne place dans ce trafic avec 30 875 individus saisis. Une extinction de ces espèces de tortue est à craindre d’ici à 2050, si le trafic ne régresse pas. A noter que la tortue radiée figure, depuis un certain temps, dans la liste rouge de l’Union Internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Hanitra R.