L’AVG, le SCOFAFOR et l’AIFM revendiquent la condamnation des délinquants comme l’affaire Bekasy et Be Victor pour lutter contre les trafics de bois de rose.
L’Alliance Voahary Gasy (AVG), le Syndicat des Corps Forestiers de l’Administration Forestière (SCOFAFOR) et l’Association des Ingénieurs Forestiers de Madagascar (AIFM) montent au créneau. En effet, ces trois entités dénoncent que la mauvaise gouvernance et les abus continuent au sein du secteur forestier. C’est même flagrant car cela a entraîné la déperdition accélérée actuelle du patrimoine forestier et a créé des préjudices au corps professionnel de l’administration forestière, qui malgré leur expertise, est mis à l’écart systématiquement dans toute résolution aux problèmes liés à la gestion des forêts, selon leurs dires.
300 000 rondins. La preuve, « les nouvelles coupes et l’exportation illicite de bois de rose ne sont jamais arrêtées jusqu’à maintenant. Tout récemment, 7 000 rondins et 30 000 rondins sont respectivement séquestrés en Hong Kong et à Singapour mais classés sans suite. Et un boutre transportant des bois précieux a aussi échoué au large d’Analanjirofo. Dans la foulée, les opérateurs ont déclaré en 2012 qu’ils ont un stock de 200 000 rondins. Maintenant, cela devient 300 000 rondins. Une négociation est en cours auprès de la CITES à Genève pour lancer un appel d’offre international des bois saisis mais nous sommes contre tant que le secteur ne sera pas assaini», a révélé Ndranto Razakamanarina, le président de l’AVG. En outre, « l’inventaire des stocks de bois de rose saisis n’est pas du tout significatif car le comptage ne doit pas se faire par nombre de rondins mais plutôt par cubage étant donné que leurs dimensions ne sont pas les mêmes. Et aucun procès-verbal de saisi n’a été établi surtout en cas de détournement de stock. Et tout cela, parce que les techniciens forestiers ont été mis à l’écart », a évoqué Joseph Rakotonirina, le président du SCOFAFOR.
Trop d’impunités. Ce n’est pas tout ! « Les agents forestiers subissent souvent des pressions en haut lieu et ils sont ensuite victimes comme le cas de DG des Forêts. Ils ont, entre autres, constaté qu’une zone forestière à Belo/Tsiribihina doit être protégée car c’est un grand bassin versant mais les politiciens font des abus pour qu’ils y délivrent une autorisation d’exploitation de palissandre et de bois ordinaires. Du coup, il y a des impacts environnementaux tels que le tarissement des sources d’eau», a soulevé Raonintsoa Nivondrahona Paul, le président de l’AIFM. Face à cet état de fait, ces trois entités revendiquent la bonne gouvernance et l’application effective des lois en condamnant les délinquants car il y a trop d’impunités et de corruption tout en changeant la structure du ministère. Par ailleurs, la nomination de l’ancien Coordonnateur national de l’AVG en tant que DG de l’Ecologie constitue une autre bourde du ministre de tutelle car cette plate-forme n’a plus renouvelé son contrat et le poursuit encore en justice pour mauvaise gestion. « Malgré tout cela, il l’a encore nommé. Mais quelques jours après, c’est abrogé », a évoqué le président de l’AVG.
Approche transversale. Interrogé sur ces faits, le ministre de l’Environnement, Beboarimisa Ralava a réagi en expliquant que la Direction Générale des Forêts a été gérée par des ingénieurs forestiers, depuis des décennies tout en sachant que d’autres écoles nationales ou facultés traitent également de cet aspect. « Malheureusement, nous nous plaignons toujours de la perte de la surface forestière sans que des propositions innovantes de ces responsables soient faites afin d’augmenter ce potentiel forestier. Et les personnes qui ont critiqué cette administration forestière ont été auparavant DG des forêts voire SG. Enfin, un comité interministériel s’occupe des affaires de bois de rose. Il y va de soi que c’est une affaire nationale, nécessitant une approche transversale, et n’est pas le seul ressort de l’administration forestière ou du ministère de l’Environnement », a-t-il conclu.
Navalona R.