L’on leur a promis un bon emploi et bon salaire. Mais une fois arrivées en Chine, elles sont vendues et sont forcées à épouser des chinois invalides.
Norotiana Jeannoda, la militante contre les traites des personnes, en particulier les domestiques, non moins la Présidente du SPDTS, a encore fait appel aux journalistes hier pour signaler et ainsi, dénoncer la persistance des traites des êtres humains effectuées sur des Malgaches. Cette fois-ci, et encore une fois, les cas concernent la Chine. Selon Jeannoda Norotiana, le trafic de jeunes filles vers cette destination continue et commence même à gagner du terrain, « et l’existence d’un réseau n’est pas à écarter ». En effet, cette militante pour les droits de l’Homme affirme qu’actuellement, il existe plusieurs filles malgaches encore séquestrées dans ce pays, dont des mineures, pour être livrées à des mariages forcés avec des chinois invalides. « Cette affaire impliquant la Chine a commencé à faire surface vers la fin de l’année dernière. Depuis, après avoir pu se mettre en contact avec moi, les victimes n’ont pas cessé de m’appeler par communication téléphonique. Ce, presque toutes les nuits. Et l’on sait maintenant qu’il existe encore 13 jeunes filles malgaches encore séquestrées dans ce pays », avance-t-elle. Selon les explications, la plupart de ces jeunes malgaches séquestrées en Chine ont été victimes d’une tromperie de la part de leur correspondance qui ne sont autres que des Malgaches. C’est d’ailleurs comme le cas des autres travailleurs Malgaches partis à l’étranger (généralement au Liban, au Koweït, en Arabie Saoudite,…), sous la promesse de trouver un bon emploi, ainsi, un bon salaire. Mais une fois sur place, en particulier, « elles », sont livrées à des traites des êtres humains. En effet, pour le cas de celles qui ont été envoyées en Chine, ce sont deux femmes malgaches, l’une habitant au pays, et l’autre en Chine, qui seraient derrière l’affaire. « Ce sont ces deux femmes dont je connais déjà les noms qui facilitent le trafic », affirme Jeannoda Norotiana.
Facebook. Selon toujours les explications, les trafiquants utilisent le réseau Facebook pour tromper leurs victimes, en effectuant des demandes d’ami. Voahary venant d’Antsirabe, faisant partie de l’une des victimes raconte : « La femme malgache m’a demandé en ami sur Facebook, et je l’ai accepté. Et c’est là qu’elle m’a proposé un travail en Chine avec un salaire mensuel d’un million d’Ariary. Etant flattée par l’offre, j’ai accepté sans hésiter. Puis, j’ai suivi ses consignes. Ainsi, elle m’a proposé de me mettre en contact avec sa collègue à Tana pour la préparation de tous les papiers nécessaires pour le voyage. Je n’ai fait que suivre tout ce qu’elle a dit. Et tout allait bien. Nous étions trois filles, prêtes à partir. Mais une fois en Chine, on nous a tout de suite confisqué nos passeports, sous-prétexte que nous les perdions. Ainsi, on nous a amenées très loin de la ville, dans les campagnes. Etant dépourvues de nos papiers d’identité, le lendemain de notre arrivée, contrairement à ce que nous avons espéré, on nous a mis à la vente », témoigne Voahary. Ainsi, selon ses dires, leurs prix ont varié en fonction de la couleur de leur peau. « Puisque j’ai une assez grande taille, mais un peu plus mince que les deux autres, je n’étais pas vendue tout de suite. Quant aux deux autres, l’une, considérée comme noire, a été vendue à 55 000 yuan, équivalents à 20 000 000 d’Ar. Pour l’autre, vu qu’elle a le teint clair, son prix était de 60 000 yuan, soit 24 000 000 d’Ar ». Ainsi, selon les explications, une fois vendues, ces filles sont exposées au mariage forcé, déjà munies de faux certificats de célibat. Et les époux sont généralement des handicapés mentaux ou physiques, des chinois très pauvres habitant les campagnes lointaines.
40 millions d’Ar. Si les frais de transport de 4 millions d’Ar, de Madagascar en Chine, sont pris en charge par les facilitateurs, selon toujours les témoignages, une fois que les filles demandent à être rapatriées, elles devront rembourser 40 millions d’Ar chacune. Une somme qu’elles ne trouveront jamais car en effet, elles ne travaillent pas en général dans ce pays, mais sont forcées à rester dans la maison de leur époux pour s’occuper d’eux, ainsi que de leur donner des enfants. «Une fois que j’ai été vendue, mon mari m’a violée plusieurs fois. J’ai quand-même essayé de résister. Mais il a fini par me mettre enceinte. Et la plupart des filles qui sont encore restées là-bas le sont toutes déjà», continue la victime. Devant tout ceci, l’on sait que les ambassades des deux pays, celle de Madagascar et celle de Chine, commencent maintenant à être au courant de la situation. « Les autorités compétentes commencent à procéder à des arrestations. Ce qui reste à faire, c’est le suivi de cette affaire. Et je ne vais pas les lâcher », lance Jeannoda Norotiana. Ainsi, elle lance un appel fort aux dirigeants des deux pays, surtout ceux des Malgaches, de vouloir se mettre au secours de ces filles qui sont encore oubliées en Chine.
Arnaud R.