Après le rapatriement des 150 travailleuses domestiques de Koweït, la lutte contre la traite des personnes se poursuit. Actuellement, Madagascar s’achemine vers la mise en œuvre du prochain plan national de lutte contre la traite des personnes (PNLTP).
L’évaluation du plan national de lutte contre la traite des personnes (PNLTP), adopté en mars 2015 et s’achève cette année, a été effectuée hier au Carlton et se poursuit jusqu’au 7 juin. L’objectif étant, d’après les informations qui nous ont été fournies, de réaliser un bilan du premier PNLTP, et d’évaluer l’état de l’avancement dans sa mise en œuvre. Cette évaluation révèle que des réalisations ont été effectuées, certes, focalisées beaucoup plus sur le plan juridique. En effet, nombreux instruments juridiques ont été adoptés durant, en l’occurrence, la ratification de la convention de la protection des droits des travailleurs migrants et des membres de leurs familles et l’adoption de la loi n°2014-040 du 20 janvier 2015 sur la lutte contre la traite des êtres humains. Aussi, y a-t-il eu la signature des accords bilatéraux de travail (ABT) avec les pays du Moyen Orient, et Maurice en 2018. Quoiqu’il en soit, le rapatriement des 150 travailleuses domestiques du Koweït, durant les quatre années d’existence du PNLTP, demeure une des grandes actions entreprises dans le cadre de cette grande lutte.
Des peines. Nous signalons que d’après l’article premier de la loi suscitée, « l’expression « traite des êtres humains » désigne le recrutement, le transport, l’hébergement ou l’accueil de personnes, par la menace de recours ou le recours à la force ou à d’autres formes de contrainte, par enlèvement, fraude, tromperie, abus d’autorité ou d’une situation de vulnérabilité, ou par l’offre ou l’acceptation de paiements ou avantages pour obtenir le consentement d’une personne ayant autorité sur une autre aux fins d’exploitation ». Néanmoins, la lutte contre la traite des personnes est loin d’être maîtrisée à Madagascar. Et nombreux en sont les facteurs comme les frontières passoires, la corruption sous toutes ses formes, ou encore l’incapacité de démanteler les réseaux mafieux qui promeuvent cette traite des personnes. « Les auteurs de la traite encourent tous des peines conformément aux dispositions légales et réglementaires en vigueur. Le ministère du Travail, en collaboration avec le ministère de la Sécurité Publique, diligente des enquêtes et nombreux sont ceux qui ont déjà été sanctionnés. Mais nous exhortons également celles et ceux qui témoignent un cas de traite à le signaler auprès des autorités, que ce soit le ministère du Travail ou la police. Il incombera à ces derniers d’ouvrir une enquête », affirme une responsable auprès du ministère du Travail.
Quatre axes. Effectivement, signaler ces cas devrait être un impératif pour les témoins. Pourtant, comment faire en sorte que lesdits témoins soient conscients qu’ils font face à une situation de traite des personnes ? Ce qui fait que ce ne sont pas les arsenaux juridiques qu’il faudrait parachever – bien qu’ils soient indispensables – mais les autorités doivent intensifier les sensibilisations y afférentes. En passant, elles devraient être axées sur les aspects de la traite des personnes, les sanctions y afférentes et la procédure de dénonciation. Sur ces derniers points, il faut rappeler que le PNLTP comporte quatre grands axes : (i) la prévention dont l’objectif est de réduire le phénomène de la traite des personnes nationale et transnationale, (ii) la protection qui consiste à rendre effective l’identification, la protection et la prise en charge des victimes de la traite, (iii) la poursuite et la répression qui permettent de poursuivre et juger l’ensemble des auteurs de la crime de la traite, (iv) et la coopération qui se traduit par l’intensification de la coopération internationale, régionale, et sous-régionale afin de combattre la traite. Notons que les journées d’aujourd’hui et de demain seront focalisées sur les défis à relever pour la mise en œuvre du prochain PNLTP.
Aina Bovel