« L’élevage, facteur clé de la sécurité alimentaire et du développement durable à Madagascar ». Tel est le slogan de Malagasy Professionnels de l’Elevage (MPE) dans le cadre de l’organisation de la 17e édition de la Foire de l’Elevage et de la Production Animale (FEPA) qui se tient depuis hier au siège de l’association à Nanisana.

« Cela fait partie des cinq premiers secteurs contribuant au développement socio-économique de la nation. Nous sollicitons ainsi les opérateurs à investir dans ce secteur porteur afin d’augmenter la fourniture des aliments sains destinés à nourrir la population en vue d’atteindre l’autosuffisance alimentaire », a évoqué le Président du Conseil d’Administration de la MPE, lors de l’ouverture de la 17e édition de la Foire de l’Elevage et de la Production Animale (FEPA), hier à Nanisana. Cette association, qui va bientôt célébrer ses trente ans d’expérience, s’engage toujours à professionnaliser les acteurs qui sont déjà en activité ou les particuliers qui souhaitent se lancer dans le domaine de l’élevage pour devenir de véritables entrepreneurs ruraux. A titre d’illustration, « de nouvelles provendes améliorées sont vulgarisées pour développer la filière piscicole, étant donné que de nombreux acteurs commencent à se reconvertir dans cette activité rentable. On s’attelle également à la diffusion d’une nouvelle technologie au profit des éleveurs dans le cadre de la digitalisation du secteur. Cet outil digital permet de faire un suivi en temps réel de leur conduite d’élevage », a-t-il ajouté.
Produits innovants

Ce n’est pas tout ! La société LFL vient de lancer dans le cadre de cette foire la nouvelle race de poulet dite « Kômbô » qui peut être élevée pour obtenir à la fois de la viande et des œufs si d’habitude, on observe des poulets de chair, d’une part, et des poules pondeuses, de l’autre. « Notre objectif consiste à augmenter le taux de consommation de viande, d’œufs et de poissons qui sont sources de protéines indispensables pour la santé de la population. En effet, l’autosuffisance alimentaire ne se limite pas uniquement au riz mais aussi au “laoka” ou plat d’accompagnement composé notamment de produits d’origine animale », a fait savoir le PCA de Malagasy Professionnels de l’Elevage. Toutes les parties prenantes reconnaissent ainsi que l’élevage contribue également à l’atteinte de la souveraineté alimentaire tout en améliorant les conditions de vie des ménages en milieu rural et en augmentant l’employabilité, surtout des femmes. Il est à noter que de nombreux produits innovants ont été exposés dans le cadre de cette foire de l’élevage. A titre d’exemple, les poulets de race « kômbô » peuvent entre autres fournir une viande de plus de 2 kg en l’espace de trois mois ainsi que 150 à 200 œufs par an. Quant à l’élevage porcin, l’on peut obtenir jusqu’à 120 kg de viande par tête si l’on utilise des provendes de qualité. En revanche, les lapins se vendent entre 100 000 Ar et 500 000 Ar selon leur âge tandis que les poissons vivants tilapia se procurent à 30 000 Ar le kilo.
Chercher des débouchés. De son côté, la Secrétaire d’Etat auprès de la Présidence en charge de la Souveraineté Alimentaire, Tahian’Ny Avo Razanamahefa, a soulevé que la valorisation du capital humain figure parmi les trois piliers du Président de la République. « Les acteurs œuvrant dans le secteur de l’élevage incluant la pêche et l’économie bleue contribuent à l’atteinte de la vision présidentielle qu’est la souveraineté alimentaire, à l’instar des agriculteurs et le secteur privé ainsi que les investisseurs. Raison pour laquelle, l’Etat via mon département, le ministère de l’Agriculture et de l’Elevage et le ministère de la Pêche et de l’Économie Bleue, ne ménage pas ses efforts afin de chercher des débouchés à leurs produits, aussi bien sur le marché local avec la tenue de cette FEPA qu’à l’international. De nombreuses opportunités de marché s’offrent aussi bien à Madagascar qu’au niveau de l’océan Indien à l’issue du 5e Sommet des Chefs d’Etat et de gouvernement de la COI organisé tout récemment chez nous », a-t-elle enchaîné. Mais pour pouvoir concrétiser cette vision commune, la Secrétaire d’Etat chargée de la Souveraineté Alimentaire tient à préciser que cela passe par la transformation agricole via le développement du partenariat avec le secteur privé. « La promotion de l’approche 3P ou partenariat public-privé est ainsi de mise. Ce qui contribue directement au développement durable. Notre porte est toujours ouverte au secteur privé, pour ce faire », a-t-elle conclu.
Navalona R.
Plusieurs pays ont connu des problèmes similaires à ceux de Madagascar, tels que l’instabilité politique, la pauvreté, des défis institutionnels majeurs, une économie dépendante des ressources naturelles et des crises économiques, mais qui ont réussi à se relever grâce à des réformes économiques, institutionnelles et sociales profondes. Voici quelques exemples de pays qui ont traversé des difficultés similaires et qui ont réussi à surmonter ces obstacles pour connaître un développement plus stable et durable :
1. Rwanda
Contexte initial : Le Rwanda, avant 1994, faisait face à une instabilité politique et à des tensions ethniques, avec des divisions entre Hutus et Tutsis. Le pays a été dévasté par un génocide en 1994, où environ 800 000 personnes ont été tuées. Après le génocide, le pays était dans un état de ruines économiques et sociales, avec des institutions détruites et une économie exsangue.
Réformes et redressement :
Réconciliation nationale : Après le génocide, le gouvernement rwandais, dirigé par le Front patriotique rwandais (FPR) de Paul Kagame, a mis en place des politiques de réconciliation nationale, de justice transitionnelle (tribunaux Gacaca) et de gestion des mémoires.
Réformes économiques : Le Rwanda a adopté des réformes économiques structurelles, en favorisant la diversification de son économie et la promotion du secteur privé. Des politiques axées sur la bonne gouvernance, la transparence et la lutte contre la corruption ont été mises en place.
Investissements dans l’éducation et l’infrastructure : Le pays a massivement investi dans l’éducation et la formation, avec des programmes visant à améliorer l’accès à l’éducation de base et à développer les compétences techniques des jeunes. L’infrastructure, en particulier dans les secteurs des transports et de l’énergie, a été modernisée.
Résultats : Aujourd’hui, le Rwanda est souvent cité comme un exemple de réussite en Afrique, avec un taux de croissance économique élevé, une réduction substantielle de la pauvreté, une meilleure gouvernance, et une position de leader en matière de lutte contre la corruption. Le pays a aussi investi dans l’innovation numérique, devenant un hub technologique en Afrique de l’Est.
2. Botswana
Contexte initial : En 1966, lorsque le Botswana a obtenu son indépendance du Royaume-Uni, il était l’un des pays les plus pauvres au monde, avec une économie essentiellement basée sur l’agriculture. Le pays avait des infrastructures limitées et une gouvernance fragile.
Réformes et redressement :
Bonne gouvernance : Le Botswana a réussi à maintenir une gouvernance démocratique stable depuis son indépendance, avec des élections libres et régulières et une faible corruption au sein du gouvernement.
Exploitation des ressources naturelles : Le pays a tiré parti de ses richesses minières, notamment le diamant, pour financer ses investissements en infrastructures, en santé et en éducation. Cependant, contrairement à d’autres pays riches en ressources, le Botswana a utilisé une partie importante des revenus pour diversifier son économie et investir dans le capital humain.
Diversification économique : Le gouvernement a mis en place des politiques économiques axées sur la diversification et l’investissement dans l’éducation, la santé et l’infrastructure. Le pays a développé des secteurs comme le tourisme, l’agriculture, et les services.
Résultats : Le Botswana a enregistré l’une des croissances économiques les plus rapides du monde depuis son indépendance et a atteint des niveaux de développement comparables à ceux de pays à revenu intermédiaire supérieur. Le pays bénéficie d’une stabilité politique remarquable et d’une gestion saine de ses ressources naturelles.
3. Viet Nam
Contexte initial : Le Vietnam a été dévasté par la guerre du Vietnam (1955-1975), qui a laissé le pays dans une situation de pauvreté extrême, avec des infrastructures détruites, une économie déstructurée et une population traumatisée. Après la guerre, le pays était divisé et soumis à une planification économique rigide dans un modèle socialiste.
Réformes et redressement :
Réformes économiques (Doi Moi) : À partir de 1986, le Vietnam a mis en œuvre des réformes économiques sous le nom de Doi Moi. Cela comprenait la transition d’une économie centralisée vers une économie de marché, avec une ouverture progressive aux investissements étrangers, la privatisation d’entreprises d’État et l’encouragement du secteur privé.
Investissements dans l’éducation et la santé : Le Vietnam a concentré ses efforts sur l’amélioration de l’éducation et des soins de santé. Le pays a également fait d’importants progrès en matière de réduction de la pauvreté.
Intégration dans l’économie mondiale : Le Vietnam a intensifié ses relations commerciales internationales, en devenant un acteur clé dans la chaîne de valeur mondiale, en particulier dans les secteurs de l’agriculture, du textile et des technologies.
Résultats : Le Vietnam a connu une croissance économique spectaculaire, avec une réduction substantielle de la pauvreté. Le pays est aujourd’hui considéré comme une économie émergente dynamique en Asie, avec des perspectives de croissance soutenue à long terme.
4. Chili
Contexte initial : Le Chili, dans les années 1970, faisait face à une grave crise économique et politique. Après le coup d’État militaire de 1973, le pays a été gouverné par une dictature militaire sous Augusto Pinochet. L’économie chilienne était dans un état de déclin, avec des taux d’inflation élevés, des déficits budgétaires et une instabilité sociale.
Réformes et redressement :
Réformes économiques libérales : Sous le régime de Pinochet, des réformes économiques radicales ont été mises en place, inspirées par les théories du libre marché. Ces réformes ont inclus la privatisation des entreprises publiques, la libéralisation du commerce extérieur, et une réduction de l’influence de l’État dans l’économie.
Stabilité macroéconomique et diversification : Après la fin de la dictature en 1990, le Chili a maintenu des politiques économiques stables, et a progressivement diversifié son économie, qui était auparavant très dépendante du cuivre.
Investissements dans l’éducation et les infrastructures : Le Chili a également investi dans des secteurs comme l’éducation, la santé et les infrastructures pour soutenir la croissance et le bien-être de la population.
Résultats : Le Chili est devenu l’une des économies les plus prospères d’Amérique latine, avec une croissance économique soutenue, une réduction de la pauvreté, et un rôle majeur dans le commerce mondial. Le pays est souvent cité comme un modèle de transition d’un régime autoritaire vers une démocratie stable et un développement économique durable.
Leçons pour Madagascar :
Les exemples ci-dessus montrent qu’il est possible pour un pays, même après des crises profondes, de se redresser et de se développer grâce à :
Une gouvernance stable et transparente.
Des réformes économiques audacieuses axées sur la diversification, l’ouverture au marché et la bonne gestion des ressources naturelles.
L’investissement dans le capital humain (éducation et santé).
L’engagement politique et social à long terme, avec la participation active de la société civile et des partenaires internationaux.
Madagascar pourrait s’inspirer de ces exemples pour structurer un plan de redressement à long terme, mais cela nécessite un leadership fort, une vision partagée et une volonté de réformes profondes et de gestion inclusive.