
Face au choc post-AGOA, industriels, pouvoirs publics et partenaires ont posé les bases d’une stratégie nationale pour le textile. La CCIA annonce une structure dédiée et un plan d’actions pour doper la valeur du « Vita Malagasy » et regagner l’export.
Le textile et l’habillement restent l’un des piliers de l’économie malgache. Plus de 100 000 emplois directs, majoritairement féminins, et 494 millions USD d’exportations en 2024, ce qui en fait le premier produit exporté du pays. Les principaux débouchés se trouvent aux États-Unis, en France et en Afrique du Sud, tandis que l’Union européenne totalise 145 millions USD. Mais la perte des préférences de l’AGOA, aggravée par un droit additionnel de 15 % depuis le 7 août 2025, a rogné la compétitivité des ateliers, comprimé les carnets de commandes et ravivé les craintes pour l’emploi. Pour éclairer ce moment charnière et tracer des voies de rebond, la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Antananarivo (CCIA) a inscrit, dans le cadre des « Mercredis de l’Entreprise », une conférence dédiée au secteur, le 5 novembre dernier à son siège à Analakely. Selon les organisateurs, l’objectif est de dresser un état des lieux précis – production, emploi, exportations, contraintes – et proposer des pistes concrètes pour amortir le choc post-AGOA : diversification des marchés (Afrique, Europe, Asie), montée en gamme, design et qualité, transformation locale accrue et stimulation de la demande intérieure via le label « Vita Malagasy ».
Stratégie nationale
Après des éclairages d’experts sur les tendances du secteur et l’évolution du commerce mondial hors préférences, la parole a été donnée aux acteurs de terrain. Leurs témoignages ont nourri une table ronde de recommandations opérationnelles réunissant industriels, groupements professionnels, ministères concernés (Commerce, Affaires étrangères), EDBM et partenaires techniques et financiers. L’objectif annoncé est de baliser une stratégie nationale de développement du textile, dans un contexte post-AGOA où le choc tarifaire doit devenir un levier de compétitivité. Lors des échanges, la CCIA a évoqué la création d’une structure opérationnelle dédiée aux « filières porteuses », le textile figurant parmi les premiers. Les travaux déboucheront sur un rapport de synthèse et un plan d’actions partagé avec l’écosystème, afin d’accroître la valeur ajoutée du « Vita Malagasy » sur le marché intérieur et de regagner des parts à l’export. Selon Gil Razafintsalama, président de la CCIA, quatre secteurs phares sont promus cette année : le numérique, le cacao, les huiles essentielles et le textile. « Avec la suspension de l’AGOA, il faut trouver d’autres marchés pour le textile. Nous sommes 30 millions d’habitants. C’est un potentiel et un atout en facteurs de production », a-t-il noté. Bref, la rencontre de mercredi dernier visait à définir ensemble des solutions pour développer le secteur. Une stratégie est en cours d’élaboration.
Antsa R.



