
Financer la transition énergétique à Madagascar -un long processus- représente une entreprise ardue et il n’existe pas « UNE » seule méthode. L’essentiel est de partir de ce qu’il y a localement pour faire le lien avec/trouver des « solutions » aux problématiques liées à l’énergie dans un contexte global, car oui, il s’agit bien d’un enjeu mondial.
Si la mitigation et l’atténuation des effets du changement climatique concernent tous les pays du monde, Madagascar et les pays en voie de développement sont nettement plus exposés. En effet, les moyens et les connaissances techniques, ou encore le cadre juridique pour faire face à la lutte contre les effets du changement climatique y sont encore limités. Sans oublier la population qui, encore occupée à lutter pour sa survie, n’est pas encore suffisamment portée sur les causes environnementales. Cependant, Madagascar peut être considéré comme « un cas particulier », particulièrement chanceux, car en terme d’énergies renouvelables, la grande île est immensément riche : 7 800 MW d’énergie hydraulique, 2 000 W d’énergie éolienne, 2 000kWh/m2/an en potentiel solaire… Et une autre source d’énergie renouvelable très peu exploitée pour le moment : ses montagnes d’ordures qui pourraient être transformées en biomasse ; étant donné que Madagascar est reconnu comme le 2nd pays le plus sale du continent africain. Trouver des moyens efficaces pour rendre opérationnelle cette transition énergétique, c’est de partir de tout cela : optimiser les atouts et voir comment transformer positivement les failles. N’en négliger aucun, mais faire une emphase sur ce qui marche le plus.

Nouvelle Politique de l’Energie. La nouvelle Politique de l’Energie (NPE), finalement élaborée en 2015, ne bénéficie pas encore d’une mise en œuvre effective jusqu’à maintenant. Pourtant, elle aurait pu permettre la réalisation d’avancées significatives en termes d’énergies renouvelables à Madagascar, notamment en termes de financement. Faisant le tour des ressources de la Grande Ile en termes d’énergies renouvelables, avec notamment de gros efforts sur la réglementation : et des propositions pragmatiques. Toutefois, des observateurs ont relevé le fait que l’emphase-certes compréhensible compte tenue de la géographie de Madagascar- faite sur l’énergie hydraulique, ne devrait pas se faire au détriment d’autres sources d’énergie, jugées un peu « chère », telle que l’éolienne. Ainsi, il paraît donc intéressant de ne délaisser aucune source d’énergie renouvelable et de ne pas « uniformiser » les projets, mais d’adapter les projets en fonction de la géographie. C’est-à-dire, par exemple, ne pas insister à exploiter l’hydraulique dans des régions comme le Nord, aux environs de Diégo- Suarez (Ankify, Ambanja, etc.) et à Fort-Dauphin et l’extrême sud où l’éolienne est la plus appropriée avec une vitesse moyenne du vent comprise entre 6 et 9 m/s à 50 m de hauteur. Une piste intéressante pour financer la transition énergétique, c’est ainsi, mettre, enfin, en œuvre cette NPE, mais en trouvant des projets où les sources de financement ne seraient pas « bouffées » par les budgets de fonctionnement, mais injectées en très grande partie dans la mise en œuvre proprement dite.
Industrie durable et approche humaine. Pour se développer, Madagascar n’a pas d’autre choix que de s’industrialiser, mais pas n’importe quand et comment compte tenu des enjeux écologiques ; alors que l’industrie implique une consommation colossale d’énergie. Promouvoir l’industrie durable, voire l’industrie verte représente ainsi un moyen judicieux de financer la transition énergétique sans mettre en péril le développement socio-économique de Madagascar, ni son immense potentiel naturel. Une promotion de l’industrie durable et de l’industrie verte qui passe, par exemple, par des mesures incitatives en termes de fiscalité mais aussi d’autres facilitations en termes de création d’entreprises qui veulent percer dans le « green business », nous savons tous à quel point, la création d’une entreprise à Madagascar est un parcours du combattant, dans l’espace et dans le temps, et surtout …en terme de portefeuille. Soutenir les initiatives qui vont dans la promotion de l’industrie durable, c’est cela fait aussi partie du financement de la transition énergétique. Quels types de projets soutenir ? L’alliance pour l’industrialisation durable, conclue cette année par un conglomérat d’entrepreneurs, de juristes, de journalistes et de syndicats, fait partie des projets à soutenir. Par ailleurs, promouvoir les petites et moyennes entreprises de green business permet de créer un cercle économique vertueux en créant des emplois, avec ce que cela suppose de conséquences microéconomiques positives. Justement, agir sur le plan humain, est aussi une piste intéressante, car cela permet de changer progressivement les mentalités, faire comprendre à la population que tout un chacun peut à son échelle, être un acteur de la transition énergétique. Pour ne parler que du cas des ordures ménagères, avec les informations adéquates, les foyers, en milieu urbain comme en milieu rural, seront capables eux-mêmes de produire une source d’énergie, renouvelable à souhait : la biomasse. Avec 25 millions de citoyens, ce sont de telles petites initiatives mises goutte à goutte qui permettent de produire un changement significatif.
Luz Razafimbelo