Le pays se trouvant dans un état d’urgence sanitaire, les taxis-ville sont dans l’obligation d’arrêter de circuler à partir de 13 h et les bus à partir de 15 h. Ce qui ne les empêche pas de passer outre cette réglementation en rusant les autorités.
Avant-hier, nous avons tenté l’expérience en abordant un taxi-ville à Ampasampito vers 16h30. Aussitôt, le tarif de la course convenue, le chauffeur s’est empressé de retirer la lanterne de son véhicule, alors nous lui avons demandé pourquoi ? Lui de répondre, « les taxis ne peuvent pas circuler au-delà de 13 h. Et comme les polices de la route sont installées un peu partout, nous allons faire passer la voiture comme un véhicule de particulier, comme cela nous pouvons circuler librement », avant de nous demander de ne pas surtout retirer nos masques. Toujours selon ce dernier, ce tour de passe-passe leur permet de faire quelques courses jusqu’à 07 heures du soir. « Vous savez, les temps sont durs et je n’ai que ce travail pour faire vivre ma famille. Je dois contourner certaines règles pour espérer retourner chez moi avec un peu de bénéfice. De plus, vers 18 heures, beaucoup de personnes cherchent encore des taxis, cela est donc tout aussi profitable à moi qu’aux usagers », a-t-il enchaîné avec un léger sourire.
Suspect ou pas ? Le fait de retirer la lanterne du taxi permet-il réellement d’éviter tout soupçon de la part des autorités ? « Je ne pense pas, les policiers ne sont pas dupes. Toutefois, il suffit que les passagers disent qu’ils sont des proches et que ce voyage n’a rien de commercial pour qu’ils ne puissent rien nous faire », ont rétorqué le chauffeur et son collègue à cette interrogation. « Nous espérons juste que la situation va vite se rétablir car chaque jour devient de plus en plus difficile », ont-ils ensuite souhaité.
Ce petit jeu ne concerne pas uniquement les transporteurs. Les commerçants, eux aussi jouent au chat et à la souris avec les autorités en ce moment. Les magasins ferment à une vitesse folle dès que la personne qui fait le guet, signale la présence des autorités et rouvrent aussitôt lorsque ces dernières quittent les lieux. Bref, tout cela montre à quel point cette situation est difficile à vivre pour ces travailleurs indépendants qui n’attendent qu’une chose : le retour à la normale.
Anja RANDRIAMAHEFA