Une délégation du Syndicat des Magistrats de Madagascar est actuellement en mission à Toliara pour résoudre cette affaire.
Le cas du Sénateur Riana Andriamandavy VII risque de faire tache d’huile. Désormais, des parlementaires se considèrent intouchables et se permettent d’user et d’abuser de leurs autorités pour intimider des magistrats en vue d’exiger la libération de certains prévenus. C’était le cas notamment vendredi dernier dans le District d’Ampanihy où un sénateur élu sous les couleurs du parti « Hery Vaovao ho an’i Madagasikara » a récupéré par la force auprès du greffier responsable, le dossier de Justice concernant un Maire élu dans cette localité. Impliqué dans une affaire d’extorsion de fonds, ce dernier faisait l’objet d’un mandat d’arrêt. Les juges d’instruction ont prononcé son placement sous mandat de dépôt dans la matinée, le Sénateur de Madagascar élu dans la Provicne de Toliara, qui n’a pas hésité à lancer un bras de fer contre le magistrat responsable du dossier, n’a pas attendu longtemps. Il a tout de suite fait pression sur les magistrats locaux pour demander une liberté provisoire.
Menaces d’affectation. Pourtant, d’après les informations, l’affaire impliquant cet élu n’est même pas encore au stade de l’enquête au fond. Une source bien informée a laissé entendre qu’un membre du Parquet général près la Cour d’Appel de Toliara a ordonné au Procureur d’Ampanihy de libérer le prévenu. En revanche, le Secrétaire général du ministère de la Justice a donné son feu vert pour l’exécution de la décision de Justice. Malgré les intimidations et les menaces d’affectation, le Juge d’instruction aurait refusé le transfert du dossier, « par souci de passer outre la procédure légale et pour ne pas accorder une liberté provisoire pour un dossier où l’enquête au fond n’a pas encore commencé », a-t-on fait savoir. Jusqu’à l’instant où nous mettons cet article sous presse, le prévenu n’a pas encore été libéré. Face à cette opposition, le sénateur HVM aurait rameuté ses partisans à l’extérieur du tribunal et a organisé une manifestation de soutien au prévenu Maire. Une affaire de « Riana Andriamandavy bis » en quelque sorte.
Mise en garde. Suite à cette énième « bavure », le Syndicat des Magistrats de Madagascar monte au créneau. Samedi matin, les leaders du SMM assistés par des leaders du Syndicat des greffiers et des agents pénitentiaires ont convoqué la presse à Anosy pour condamner le « non-respect de l’indépendance de la Justice, le non-respect d’une décision de Justice, l’ingérence des dirigeants politiques dans le traitement des dossiers judiciaires, les agissements visant à semer les troubles au niveau des tribunaux, ainsi que les agissements des responsables étatiques qui font pression sur les greffiers et les agents pénitentiaires pour des démarches contraires à la loi ». Les trois entités exigent une prise de responsabilité immédiate des Chefs d’Institution et des responsables étatiques pour sanctionner les auteurs de ces interventions. Une mise en garde ferme contre ceux qui sont aussi tentés par cette mauvaise pratique a également été lancée. En quelque sorte, le Syndicat des Magistrats de Madagascar incite le président Hery Rajaonarimampianina et le président du Sénat, Honoré Rakotomanana à prendre des sanctions contre les élus qui ternissent l’image du régime. Reste à savoir si ce énième appel du SMM sera écouté du côté du Palais de Verre d’Anosikely. Aux dernières nouvelles, ce maire accusé d’extorsion de fonds a déjà recouvré la liberté. « Les pressions étaient trop fortes », a-t-on fait savoir du côté du SMM. D’après les informations qui ont circulé hier soir, à sa sortie de prison, il aurait heurté accidentellement avec sa voiture un enfant. Suite à cette nouvelle affaire, le maire serait actuellement en cavale. En tout cas, à l’allure où vont les choses, mis à part le sénateur Riana Andriamandavy VII, d’autres élus HVM vont aussi être dans le collimateur de la Justice. Histoire à suivre.
Davis R