Le mandat de dépôt (MD) est-il devenu systématique ? On est en droit – au propre comme au figuré – de se poser la question après ce qui est arrivé samedi à une jeune mère de famille. Les faits : La jeune femme avait fait le 2 septembre dernier une plainte de réserve auprès d’un commissariat d’arrondissement de la capitale suite aux violences dont elle aurait été victime de la part de son compagnon. Lequel s’en serait même pris à leur jeune fils. Ce qui l’avait amené à déposer cette fois-ci une plainte en bonne et due forme le jeudi 08 septembre. Le temps de laisser passer le jour anniversaire de son petit garçon. L’homme aurait été alors placé en garde à vue.
Attestation. Seulement, il y a eu un retournement de situation car il devait à son tour accuser sa compagne de délaisser l’enfant et de « maltraitance » envers ce dernier lorsqu’elle rentre tard le soir. Et en ajoutant qu’il ne sait pas où elle se rend « 3 fois par semaine », alors qu’elle effectue un travail du soir pour arrondir ses fins du mois pour les besoins justement de son petit garçon. Son employeur peut d’ailleurs attester de sa présence effective « 3 fois par semaine » où un véhicule la ramène d’ailleurs chez elle au même titre que d’autres employés à la fin de son travail où elle est appréciée pour son assiduité, son sérieux et sa sobriété.
Règle. C’est donc avec surprise qu’ils ont appris que leur collègue a été placée sous MD samedi, alors qu’elle était initialement la plaignante. Un placement sous mandat de dépôt d’autant plus incompréhensible qu’elle a une adresse connue et n’est pas susceptible de s’enfuir ou de ne pas se présenter devant le juge le jour de son procès. En tout état de cause, elle ne représente pas un danger pour son fils qui souffre inévitablement de l’absence de sa mère qui ne s’attendait pas, mais pas du tout, à être placée en détention préventive, en portant plainte contre son compagnon avec qui elle n’est pas mariée légalement. Elle fait confiance à la sagesse du tribunal devant lequel elle va comparaître ce jour, à 13 heures, en la salle 6 du palais de Justice à Anosy considéré comme « le rempart des faibles ». Dans le cas d’espèce, on a affaire à une « fanaka malemy ». Bon nombre de juristes qui savent que la mise en liberté est la règle et le MD l’exception, se demandent pourquoi ne l’a-t-on pas laissé comparaître libre. En la jetant en prison, c’est elle qui a été plutôt « maltraitée ».
R. O