
Avec cette nouvelle crise qui se profile depuis les événements qui ont fait des morts et des blessés ce week-end, les observateurs craignent une régression économique pareille à celle de 2009 – 2013.
« Je suis devenu un Malgache, j’aime ce pays et j’ai investi tout mon argent ici. Maintenant mon souhait est que les politiciens puissent trouver rapidement un terrain d’entente pour arrêter les troubles qui font énormément du mal à l’économie du pays ». Ce propos est d’un commerçant chinois établi à Madagascar depuis plusieurs années. Ayant vécu plusieurs crises dont celle de 2009, il est bien placé pour parler des impacts néfastes de ce genre d’événement sur les activités, surtout commerciales des opérateurs économiques exerçant dans le centre ville. « A chaque jour de fermeture, nous enregistrons au moins 20 millions d’ariary de manque à gagner » précise-t-il. Et quand on sait que les magasins se comptent par plusieurs centaines, ce sont des milliards d’ariary qui sont perdus chaque jour. Sans compter bien évidemment, les entreprises non commerciales qui opèrent sur place. Avec ce que cela suppose bien évidemment de risque de pertes d’emploi si la crise perdure dans le temps.
Croissance nulle. Bref, tout le monde a intérêt maintenant à ce que cette crise prenne fin rapidement et que les protagonistes trouvent, dans les meilleurs délais, un terrain d’entente. En effet, les milliards d’ariary de pertes subies par les commerçants du centre ville ne sont qu’une infime partie de la perte économique qu’engendrera une nouvelle et interminable crise. Il suffit de se référer aux données de la Banque mondiale sur les impacts de la dernière crise de 2009. Sorti en 2013, ce rapport indique notamment : « Avant la crise, la croissance économique de Madagascar était en moyenne de 5% par an. Toutefois, pendant la période 2009-2013 la croissance a été nulle. En prenant comme référence une croissance annuelle de 5%, le PIB en 2013 aurait été de 20% au-dessus de son niveau actuel, ce qui aurait représenté huit milliards de dollars supplémentaires pour l’économie malgache ». En somme, le même schéma économique catastrophique risque de se répéter si des solutions ne sont pas trouvées rapidement.
Au point mort. L’économie risque par exemple de se retrouver au point mort comme c’était le cas après 2009 où le revenu par habitant a chuté : « Madagascar a connu une forte croissance démographique (2,9%), la population ayant augmenté de plus de trois millions de personnes de 2008 à 2013. Avec un revenu national qui stagne, le revenu par habitant en 2013 est retombé à son niveau de 2001 ». De même, la pauvreté pourrait augmenter fortement : « Les premières estimations indiquent que, de 2008 à 2013, la proportion de la population vivant sous le seuil de pauvreté (qui était déjà élevée avant la crise) a sans doute augmenté de plus de 10 points de pourcentage. Aujourd’hui, plus de 92% de la population vit avec moins de deux dollars PPA (parité de pouvoir d’achat) par jour, ce qui fait de Madagascar l’un des pays les plus pauvres au monde ». Une nouvelle crise pourrait également détériorer les indicateurs sociaux comme en 2009 où « en dépit de l’aide liée à la crise dans les secteurs sociaux, selon les estimations le nombre d’enfants non scolarisés a peut-être augmenté de plus de 600 000. La malnutrition aiguë des enfants reste un problème critique. Dans certaines zones, elle a augmenté de plus de 50%. De nombreux centres de soins de santé ont été fermés, et les parents pauvres ont dû assumer une lourde part du coût de scolarisation de leurs enfants, en raison de la défaillance du financement étatique. Cette évolution hypothèque le bien-être des générations futures ».
Après la période 2009 – 2013, le régime actuel, en raison de ses errements, n’a pas encore su relever le pays du marasme économique. Une nouvelle crise ne fera qu’aggraver la situation. Vivement un retour rapide à la normale.
R.Edmond.