Si Air Madagascar bat de l’aile, la Jirama est en panne. Les deux compagnies, fleurons autrefois de l’économie, sont à bout de souffle. Vaches à lait par excellence des régimes au pouvoir qui se sont succédés, leur mauvaise gestion ne trouve pas d’autres explications plus convaincantes. Leurs personnels sont sortis de leur gong et manifestent pour se faire entendre. A la Jirama, le syndicat à l’origine de la manifestation suite à l’enquête sur un « court-circuit» électrique à la résidence du président de la République, n’accepte plus que lorsque les problèmes apparaissent, ce sont les hommes de terrain qui trinquent et jamais les hauts responsables. Les grévistes ont continué leur manifestation devant la gendarmerie nationale à Fiadanana pour revendiquer la libération de leurs collègues. Un ultimatum du syndicat est en gestation pour montrer sa détermination.
Trouver des solutions
A Air Madagascar, la situation est plus nuancée. Le communiqué des grévistes pointe du doigt la mesure prise par l’Union européenne de mettre la compagnie dans l’annexe B depuis 2011. La France est accusée d’être derrière le maintien. Le syndicat estime que les déboires de la Compagnie viennent en grande partie de là. Les vols nationaux et internationaux perturbés, les appareils long-courriers interdits de survol de l’espace aérien européen, y trouvent leur explication. Le gouvernement est bien silencieux devant ces manifestations qui risquent de faire tâche d’huile et aux conséquences incommensurables au plan des relations internationales. Les employés d’Air Madagascar n’ont pas servi Air France. Ils n’assurent ni l’assistance au sol, ni la maintenance, ni la gestion des bagages. 300 passagers ont du ainsi débarquer à la Réunion. Le bras de fer entre les employés de la compagnie nationale et l’Etat arrive à quelques semaines de la visite officielle que le président de la République doit effectuer en France. Il n’est pas impossible qu’il soit évoqué lors de la rencontre entre les deux chefs d’Etat. Mais, la France pourra-il remédier à la situation ? Air Madagascar, il est vrai, a besoin de sortir de l’annexe B pour s’assurer un meilleur avenir. Devant les pertes énormes qu’elle subit, la Compagnie doit trouver d’autres solutions plus appropriées à sa situation si elle ne compte pas déposer son bilan. Mais quoi qu’il en soit, il appartient non aux politiciens mais aux experts techniques de l’Union Européenne de se prononcer sur sa sortie ou pas de l’annexe B étant donné qu’il faudrait arriver à ne pas avoir d’écarts importants entre le système malgache de réglementation et de surveillance et les Normes de l’OACI. Les employés d’Air Madagascar en mal de sortie de crise aujourd’hui gagneraient à veiller sur la gouvernance de la compagnie. Après des années durant de gabegie, il semble plus que nécessaire de commencer la restructuration selon des observateurs. Mieux vaut tard que jamais.
Zo Rakotoseheno