
Un rapport régulier de la gestion financière à la Chambre basse, suivant les termes de son règlement intérieur, est réclamé par certains députés.
Hier, l’Assemblée nationale a connu, une fois de plus, une ambiance électrique en début de session. Une séance qui a eu lieu hier matin à Tsimbazaza n’a pas été épargnée par la tension qui est déjà latente depuis un certain temps entre les élus. Au cœur du problème, l’esquive de la présidente de la chambre contre une séance à huis clos votée par les députés a fait du bruit. 24 députés sur les 45 présents, hier, ont voté pour la tenue de la séance à huis clos. Les 21 autres députés ont voté contre l’initiative. « L’objectif de cette séance à huis clos est de pouvoir aborder entre députés les sujets brûlants à la chambre et la gestion de cette institution », nous a confié un député. Mais au grand étonnement de nombreux députés, selon une source concordante, la présidente de l’Assemblée nationale « a fait valoir l’article 62 du règlement intérieur qui stipule que la séance à huis clos ne peut être tenue que si elle n’est pas votée par ¼ des membres de l’assemblée, soit 38 députés, ou si elle est provoquée par le Premier ministre ».
Rallonge budgétaire. Finalement, la séance à huis clos est abandonnée malgré le vote. Mais ce « faux bond » de Christine Razanamahasoa aurait ouvert une brèche auprès d’autres députés qui réclament dorénavant une « application stricto sensu » des termes du règlement intérieur à l’Assemblée nationale. Une occasion pour certains, à cet effet, d’acculer, sur d’autres sujets, le bureau permanent déjà en mauvaise posture à Tsimbazaza. Les sanctions relatives au manque d’assiduité des députés sont alors soulevées. On évoque également les dispositions dans son article 24 qui stipulent que « le premier questeur de l’Assemblée nationale devrait alors faire, en début de séance plénière, un rapport régulier des situations financières » selon notre source. Un passage important qui aurait été oublié pendant ces dernières années par les dirigeants de cette chambre parlementaire. La gestion des plus de 20 milliards d’ariary de rallonge budgétaire gagnée par l’Assemblée nationale est dans la ligne de mire des députés.
Dialogue. La menace de motion de censure qui a visé le gouvernement semble être déjà dissipée à l’Assemblée nationale. Le sujet a préoccupé la présidente de l’Assemblée nationale lors de son discours d’ouverture de la session ordinaire, mardi dernier. Cette menace est très mal vue de là-haut et par Christine Razanamahasoa, « une telle initiative peut s’avérer dangereuse pour le pays actuellement ». « Une motion de censure contre le gouvernement en place ne servira pas la population » a quant à lui, lancé le Premier ministre, mardi, en marge de la cérémonie d’ouverture à Tsimbazaza. Elle est pourtant prise au sérieux à l’hémicycle au point que la patronne de la Chambre basse a plusieurs fois sollicité, durant son discours, le « dialogue entre les mêmes obédiences, voire même ouvrir une brèche vers les autres tendances politiques » présentes à Tsimbazaza. Elle a insinué la majorité et lance un clin d’œil au parti Tiako i Madagasikara.
Fianarantsoa. Ce parti d’opposition a lancé cette motion de censure en mars dernier. Et l’initiative semble avoir fait mouche au sein de la majorité. Lors d’une rencontre politique organisée par le parti présidentiel à Fianarantsoa, en fin mars dernier, le sujet relatif à la motion de censure concoctée par les députés aurait été abordé avec leur projet de destituer le bureau permanent de l’Assemblée nationale. L’agenda de cette rencontre a fuité sur les réseaux sociaux. Mais ç’aurait fait pschitt malgré les quelques voies de députés présents à ce conclave, qui n’auraient pas voulu s’exprimer.
Stabilité. Quoiqu’il en soit, ni le projet de destitution du bureau permanent de la Chambre basse, et encore moins la motion de censure, ne connaissent aucun succès, jusqu’à présent, à Tsimbazaza. « Ça reste toujours un bruit de couloir qui ne fait pas encore l’objet d’une sérieuse discussion », nous a confié un député, hier, au téléphone. Mais pour sa part, l’Exécutif ne veut pas entendre une telle initiative. « Il faut une stabilité institutionnelle pour mieux affronter les ravages des cyclones et les impacts de la crise ukrainienne sur le coût de la vie », a affirmé Christian Ntsay.
Rija R.