Face à l’urgence économique, il est temps de s’unir, adopter une vision à long terme et définir des stratégies durables, selon Rija Randriamalalaniaina, membre fondateur de l’organisation Miara Manorina.

Alors que les défis économiques s’accumulent, Madagascar se trouve à un tournant critique. Il est plus que jamais nécessaire d’adopter une vision long terme, de définir des stratégies efficaces et de réévaluer ses avantages comparatifs de demain, pour assurer son avenir économique. Un sujet aussi crucial exige de dépasser les divisions et clivages politiques, selon Rija Randriamalalaniaina, fondateur de Miara Manorina, et non moins expert en marketing digital et enseignant en échanges internationaux au sein d’une Université en Europe.
Des piliers menacés. Les signaux politiques tendent vers la fin de l’AGOA en septembre 2025, du moins sous sa forme actuelle. Des pays, comme l’Afrique du Sud, négocient déjà des accords bilatéraux de manière très avancée. En ce qui concerne le surstock de Vanille au niveau mondial, ce secteur, déjà fragilisé par les incertitudes de l’AGOA, fait face à un déséquilibre inquiétant : 8 000 tonnes produites chaque année contre une demande annuelle de seulement 3 000 tonnes, avec un surstock actuel de 2 000 tonnes. Nous devons nous préparer à une crise de prix, selon Rija Randriamalalaniaina. De son côté, le nickel est sous pression. Outre les risques liés à l’AGOA, cette filière subit la surproduction indonésienne et l’évolution technologique des batteries. La tendance mondiale se détourne des batteries NMC (Nickel-Manganèse-Cobalt) au profit des LFP (Lithium-Fer-Phosphate), réduisant la demande future de nickel malgache.
Menaces de l’IA
On tarde à l’anticiper, mais l’Intelligence Artificielle pourrait arriver en tsunami sur notre marché du travail, selon le fondateur de Miara Manorina. Call-centers et rédacteurs en ligne sont en première ligne, avec des centaines de milliers d’emplois menacés, selon ses dires. « Soit on agit maintenant pour reconvertir ces compétences, soit on subira de plein fouet cette révolution technologique », a-t-il martelé.
Electrochoc nécessaire. D’après cet expert universitaire, ces perspectives alarmantes doivent servir d’électrochoc pour mobiliser tous les Malgaches et de repenser à la trajectoire de Madagascar dans 5, 10 ou 20 ans. « Nous accusons déjà un retard considérable et nous devons prendre nos responsabilités dès maintenant, sans attendre l’État, qui peine à gérer les urgences du court terme », a-t-il indiqué.
Bâtir ensemble. « Ny omby indray mandry, tsy indray mifoha ». C’est par ce proverbe malgache que le membre fondateur de Miara Manorina incite ses concitoyens à avancer. C’est d’ailleurs dans cet esprit que l’initiative Miara Manorina a été lancée : une plateforme inclusive et transnationale, rassemblant aujourd’hui plus de 1 000 intellectuels, experts et sages malgaches issus de 28 pays, allant des États-Unis au Japon. Toutes les régions sont également représentées dans le mouvement. Parmi les membres figurent des économistes, des juristes, des ingénieurs, des entrepreneurs, et des spécialistes d’une vingtaine de secteurs dont l’énergie, l’agriculture, l’éducation, l’environnement, la finance, etc.
Avantages comparatifs. Certes, Madagascar dispose d’une multiplicité d’atouts naturels, mais sa première richesse reste son capital humain, selon Rija Randriamalalaniaina. En effet, les compétences malgaches brillent à l’international, mais manquent encore de synergies. Selon ses membres, Miara Manorina vise à changer cette dynamique, en fédérant les talents autour d’un projet commun à travers leur site www.miaramanorina.com. Bref, pour cette organisation, l’heure n’est plus aux diagnostics, mais à l’action collective, car Madagascar a besoin d’une vision audacieuse – et c’est maintenant qu’elle doit émerger.
Antsa R.