« Vous avez le pouvoir de renverser le gouvernement, mais pas d’effacer le réel ». Cette phrase, prononcée au début de son discours à l’Assemblée, résume parfaitement la situation à laquelle les députés français étaient confrontés hier. C’est un exercice de vérité auquel s’est attelé le Premier ministre durant 45 minutes, mais au terme de ce long plaidoyer, écouté sans interruption, les répliques des représentants des différents groupes ont été finalement sans surprise.
Un départ auquel tout le monde s’attend
François Bayrou était conscient, depuis sa nomination à Matignon, qu’il courait à tout moment le risque d’une motion de censure. Le jeu politique des partis présents sur l’échiquier a fait qu’il soit relativement épargné par leurs chefs de file. Les ténors du RN ont lancé leurs critiques sans aller cependant jusqu’à le menacer de le renverser. Ils s’accommodent très bien de la défiance d’une partie de l’opinion envers lui. En filigrane, on sentait l’animosité éprouvée de plus en plus ouvertement à l’égard du président Emmanuel Macron, jugé par un certain nombre de Français, responsable de la situation du pays. Les représentants du N.F.P ou Nouveau Front Populaire dominé par L.F.I ont, dès le début, annoncé la couleur et ont brandi à chaque occasion leur menace de motion de censure. Jean Luc Mélenchon et Mathilde Peynot n’ont pas cessé d’appeler au renversement du gouvernement Bayrou. Aujourd’hui, on est arrivé à un moment de vérité. L’augmentation du poids de la dette est une réalité incontournable et des choix doivent être opérés. Le budget que le Premier ministre entend présenter au vote des députés est éreinté par les critiques des membres de l’opposition, qu’ils soient de droite ou de gauche. C’est contraint et obligé que le chef du gouvernement a eu recours à un vote de confiance. Il ne se fait aucune illusion. Il est prêt à partir, mais son message est clair : malgré son départ, la réalité reste.
Patrice RABE



