La place du 13 mai ne résonne plus des clameurs que l’on entendait encore, il y a une dizaine de jours. Depuis le départ des élus MAPAR, maître Hanitra Razafimanantsoa s’efforce d’entretenir la flamme de la contestation. Le parvis de l’Hôtel de ville est l’endroit où la dénonciation des malversations et des abus de toute sorte continue. C’est une épine dans le pied du nouveau gouvernement qui prône l’apaisement et le dialogue. Le parti d’Andry Rajoelina ayant décidé de prendre ses distances avec les irréductibles d’Analakely essuie les critiques de ces derniers. Ses membres sont qualifiés de traîtres, mais ils préfèrent garder le silence. Leur attitude est plus éloquente que tous les mots : ils ont décidé de tourner la page et de ne penser qu’aux élections. Les partisans du régime, très habilement, remettent sur le tapis la question d’un accord politique ayant permis la nomination du Premier ministre de consensus. Les dénégations de l’ancien président Marc Ravalomanana n’y font rien. Le président du parti HVM et le chef de l’Etat lui-même sont revenus à la charge et ils réitèrent son existence. Un document qualifié par les membres du TIM de faux circule inopinément sur les réseaux sociaux. L’opinion semble lasse de toute cette guerre de communication qui entretient un certain malaise. Le chef du gouvernement affirme que son objectif est la préparation des élections, mais pour le moment, il ne peut pas en dessiner le contour, car il ne dispose pas de tous les moyens nécessaires. Le président Hery Rajaonarimampianina reprend ses déplacements en provinces. Andry Rajoelina n’est pas en reste. Il est parti à Mahajanga ce week-end pour reprendre contact avec la population locale.
C’est une fois de plus Donald Trump qui a fait les gros titres des médias internationaux cette semaine. Le décret qu’il a signé lundi préconisant la séparation des enfants de migrants illégaux avec leurs parents a provoqué un véritable tollé. L’image « d’enfants mis en cage » a suscité l’indignation de l’opinion américaine. Pour la première fois, il a eu droit à une manifestation d’élus lors de son passage auCapitole . Cette action l’a poussé à revenir sur sa décision. Il s’est même apitoyé sur le sort de ces jeunes disséminés un peu partout sur le territoire américain. Dans un tout autre domaine, les Etats-Unis ont décidé de quitter le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU qu’ils accusent de partialité vis-à-vis d’Israël.
En Europe, le problème des migrants continue d’alimenter la polémique entre les pays de l’Union. Les Italiens ont décidé de mettre les autres membres devant leurs responsabilités. Emmanuel Macron et Angela Merkel se sont rencontrés pour discuter du problème, mais le sommet a, dit-on, accouché d’une souris. Les observateurs ont parlé de « faux semblants ».
La situation politique pourrait changer ce week-end en Turquie après les élections présidentielles et législatives. L’opposition espère un basculement de l’opinion. Le rapport de force pourrait changer si le parti kurde recueillait 10% des voix. Le système électoral complexe turc pourrait faire ainsi perdre la majorité des sièges à l’AKP, le parti d’Erdogan.
La situation n’est pas encore tout à fait revenue à la normale dans le pays. L’apaisement n’est pas encore revenu. Le régime a essayé de reprendre en main la situation, mais une certaine résistance s’est installée. Un dernier carré d’irréductibles reste sur la place du 13 mai. Ils ne sont pas près de rendre les armes.
Patrice RABE