Une situation comme cette crise sanitaire représente une occasion pour les forces de l’ordre de prouver leur professionnalisme et le respect de l’éthique et de la déontologie dans l’exercice de leurs fonctions. Pourtant, la réalité sur le terrain semble loin de cette attente.
Depuis le début de l’état d’urgence sanitaire, l’on remarque une série des bavures policières et militaires. Et ce, bien malgré les sanctions et les prises de responsabilités des trois ministères concernés qui procèdent à un assainissement et qui sont en train de tout mettre en œuvre pour rappeler à l’ordre leurs éléments. Pas plus tard qu’hier, une émeute s’est produite à Andohan’ Ilakaka suite à une bavure commise par un militaire qui aurait tiré sur un homme n’ayant pas porté de masque. La situation a dégénéré et la population locale est descendue dans les rues pour sanctionner ces éléments incontrôlés et pour mettre fin à ces mauvaises pratiques. A noter, à ce sujet, que cet incident à Ilakaka ne constitue pas un cas isolé. Pas plus tard que le week-end dernier, un autre militaire à Toamasina a violenté un homme de 62 ans qui refusait de mettre son masque car il était en train de manger quelque chose. Ce qui est évident car nul n’ignore que l’on ne peut pas continuer à porter son cache-bouche en mangeant. L’on attend désormais un rebondissement dans cette affaire car aux dernières nouvelles, la victime, ayant obtenu un certificat médical, a déposé une plainte au parquet du tribunal de première instance de Toamasina. En tout cas, le ministère de la Défense nationale s’est déjà excusé suite à ces deux affaires à Ilakaka et à Toamasina.
Victimes. Mais l’armée malagasy n’est pas la seule entité concernée par les bavures et excès de zèle dans l’application des mesures dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire. Pour ce qui est de la police nationale, les témoignages des victimes fusent sur les réseaux sociaux. Pas plus tard qu’hier, l’histoire d’un couple qui se serait fait racketter du côté d’Isotry a fait le tour de Facebook. Après avoir demandé au couple où il a pu acheter des boulons car, normalement, les quincailleries ne doivent pas ouvrir, des policiers auraient tenté de lui soutirer 100 000 ariary. Finalement, ce couple aurait payé 30 000 ariary. Nous utilisons le conditionnel car pour le moment, le ministère de la Sécurité publique ne s’est pas encore prononcé sur ce témoignage. L’on sait en tout cas qu’une enquête va être ouverte pour faire la lumière sur cette affaire.
Indiscipline. En tout cas, les hauts responsables des forces de l’ordre devraient prendre des mesures concrètes pour améliorer la situation sur le terrain. Il faut en effet reconnaître que ce n’est pas facile pour les éléments de terrain de garder leur calme face à l’indiscipline de la population. C’est tout à fait normal qu’on soit sur les nerfs quand on est au front pour faire face directement aux risques de contamination au Covid-19. En outre, parfois, les ordres reçus sont différents et changent à tous les niveaux. Depuis le début de cette pandémie, de nombreuses incompréhensions sont constatées notamment au niveau des barrages policiers à Antananarivo. Comme ce fut le cas, vendredi dernier, du côté de By-Pass où après 14h, l’unique agent en faction a bloqué la route d’Androndrakely vers Ankadimbahoaka à tous les véhicules. Cette initiative a provoqué un embouteillage monstre jusqu’à Iavoloha et sur la route d’Ankadindratombo. Pourtant, ce genre d’excès de zèle est courant depuis le début de la pandémie. Les Forces de l’ordre jouent un rôle crucial dans la gestion du Coronavirus, une certaine souplesse est donc de mise pour éviter les tensions en ce temps de crise. C’est aussi le moment de tester le respect de l’éthique et la déontologie dans les rangs des » Tandroka aron’ny vozona « .
Davis R