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mercredi, juin 26, 2024
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Un homme, un métier : Jean Baptiste Rakotovao, gardien de cimetière depuis plus de 30 ans

« Rencontres mystérieuses, manipuler des corps en décomposition avancée… pour moi, c’est devenu presque une normalité ».

Si vous êtes du genre à flipper à la première occasion, ou que vous ne pouvez pas vous occuper des cadavres «… parfois en décomposition avancée», le métier de gardien de cimetière n’est pas fait pour vous. «Certes, à première vue, le métier semble être facile à faire. Mais il est surtout réservé à ceux qui ont du cran», témoigne Jean Baptiste Rakotovao, l’un des courageux gardiens du cimetière d’Anjanahary, depuis plus de 3O ans. En tant que tel, sa mission consiste à surveiller et à faire respecter le règlement du site, ainsi de garder un œil vigilant sur les pilleurs de tout genre. «Autrefois, on avait surtout à faire aux pilleurs d’ossements. Mais actuellement, parmi nos principaux soucis, ce sont les voleurs de fers sur les tombeaux, et parfois, les rencontres mystérieuses», raconte-t-il.

Paniqué. En effet, tous les jours, des patrouilles des lieux s’imposent, du jour comme de nuit, en se faufilant à travers les milliers de tombes étalées sur plus de 12 ha de terrain d’Anjanahary. «Deux groupes composés de 3 personnes chacun, travaillent ici en alternance, 24h/24. Quand les deux membres du groupe font leur ronde, généralement à partir de 18h jusqu’à l’aube, le troisième garde le bureau», poursuit Jean Baptiste R. Et c’est là qu’il a révélé les moments qui l’ont marqué: «Je n’arrive pas à me rappeler les dates exactes mais j’ai déjà croisé sur le chemin des sorcières plusieurs fois, en faisant les patrouilles de nuit. J’étais comme profondément confus au moment des rencontres. Du coup, je ne pouvais ni bouger, ni parler». Et nous n’étions pas au bout de notre surprise quand il a ajouté: « Je crois en l’existence des fantômes, car j’en ai également déjà rencontré un. C’était vers 18h. J’ai vu comme une silhouette tout près d’un tombeau. Quand j’avais essayé de m’y approcher, elle a soudainement disparu. J’ai laissé tomber mais j’ai quand même senti une présence, sa présence. J’avais paniqué, mais je ne me suis pas laissé faire, tout en gardant le moral. Puis, ça a fini par disparaître ». Angoissant!     

Retraite. Malgré tout cela, leurs tâches ne se limitent pas seulement au gardiennage du site. Il, avec les autres membres de son groupe de garde, sont en même temps fossoyeurs, et s’occupent fréquemment des inhumations. « Chaque jour, il faut que l’on creuse au moins une fosse prête à accueillir un corps. Et je n’arrive plus à me souvenir du nombre de dépouilles que l’on a déjà pu enterrer. Certaines étaient tellement décomposées que l’on a eu du mal à supporter les odeurs pestilentielles », poursuit ce fidèle gardien qui va fêter ses 60 ans prochainement. Et pour les situations d’urgence comme avec les épidémies de peste, de choléra… les enterrements peuvent se faire à tout moment, même en pleine nuit, selon ce dernier. Le manque de matériels et accessoires appropriés pour ce genre d’inhumation ne fait que rendre le métier encore plus difficile et en même temps, à risque. Ce, sans parler de l’état des infrastructures locales déjà déplorables. Malgré cela, c’est grâce à cette profession que Jean Baptiste R. a pu élever ses huit enfants qui, à l’heure actuelle, sont tous mariés. «Je vais prendre ma retraite cette année mais je ne regrette pas pour autant tous ces temps que j’ai passés ici. Sur ce, je n’ai qu’un mot à dire: le courage et la volonté peuvent tout résoudre».

Arnaud R.

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