
Elle a ouvert la première école de coiffure à Madagascar. Son établissement, l’Ecole Professionnelle de Coiffure Haingotiana à Ambodirotra, est pionnier dans le domaine de la formation en art de la coiffure et a fait de Madagascar le premier pays d’Afrique devenu membre à part entière de la confédération internationale de la coiffure. « Elle », c’est Aimée Rahaingo, une passionnée qui a aujourd’hui plus de 40 ans d’expérience.
Plus de 2 800 diplômés, dont 10 % d’hommes, sont sortis de l’Ecole Professionnelle de Coiffure Haingotiana. A la tête de cet établissement, Aimée Rahaingo qui fait de la réussite de ses anciens élèves, une grande fierté. « Je suis très heureuse de voir que les anciennes étudiantes que j’ai formées ont réussi à porter haut le flambeau et à innover sans cesse, en valorisant ce qui leur a été appris dans cette école. Nombre d’entre elles tiennent aujourd’hui de grands salons ou écoles de coiffure réputées, non seulement à Antananarivo mais dans tout le pays, voire à l’étranger. J’en suis heureuse et fière », confie-t-elle. Car pour elle, la coiffure est plus qu’une profession, une passion. « C’est une histoire, un patrimoine, mais aussi quelque chose qui vit et qui évolue », ajoute-t-elle. Allusion faite à la coiffure d’hier et d’aujourd’hui, à Madagascar. Des cheveux longs portés aussi bien par les hommes que les femmes au 19è siècle, mais avec des styles différents, aux diverses coiffures typiquement malgaches, du « bango tokana » au « tana-ivoho » de la femme Merina, en passant par les tresses « randra-madinika » et une multitude d’autres manières de se coiffer durant les siècles passés. Les relations que les femmes malgaches ont eues avec les femmes d’origine étrangère au 19è siècle, ont fait évoluer certaines habitudes. « Mais en dépit de l’arrivée des coiffeurs étrangers au début du 20e siècle, peu de femmes malgaches parmi celles qui ont adopté le style dit « mitena akanjo » – par opposition à celles qui portent le « lamba » – ont osé franchir la porte d’un salon de coiffure », rappelle Aimée Rahaingo. Mais les tendances évoluent aussi du côté de celles qui portent le « lamba », qui utilisent des outils spécifiques baptisés « tontam-boalavo » pour produire sur les cheveux un effet ondulé ou frisé sur les côtés.
Carrière. A plus d’un siècle plus tard, le monde de la coiffure à Madagascar est confronté à des défis. « Je suis déçue par le laisser-aller qui gagne du terrain dans le métier. Les produits douteux inondant le marché, qui représentent un véritable danger pour la santé, et le manque de qualifications de certains coiffeurs, ont parfois raison des persévérances des défenseurs des vraies valeurs de la profession », déplore Aimée Rahaingo. Et pourtant, il n’en était pas toujours ainsi. Après la création non sans difficulté de son école de coiffure à Tsaralalàna, en 1971, nombreux sont les apprenants de divers horizons (médecins, banquières, femmes de loi) et de nationalités diverses (algérienne, chinoise, pakistanaise, outre les Malgaches) qui ont suivi les formations proposées par Aimée Rahaingo. Le parcours de ces anciens apprenants témoigne de leur sérieux et de leur intérêt pour les connaissances dans le domaine de la coiffure. Aujourd’hui, elle continue de former auprès d’une relève bien préparée. Avec plus de 40 ans d’expérience, elle reste intransigeante sur la formation. A la tête de l’association de coiffeurs FMTM (Fikambanan’ny Mpanao Taovolo Malagasy) pendant des années, elle s’est fixée comme objectif de partager des expériences et de former des coiffeuses en activité dans les provinces, par le biais de tournées provinciales régulières. Bref, une carrière bien remplie au cours de laquelle elle a également donné une place importante aux femmes handicapées, en les intégrant dans son école. Elles ont réussi le défi d’ouvrir un salon de coiffure après leur formation. Une grande satisfaction pour Aimée Rahaingo pour qui, dans le métier de la coiffure, le premier outil, …c’est la main !
Hanitra R.