C’est une crise qui s’intensifie et qui risque de bouleverser la situation politique en Turquie. L’arrestation du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, accusé de terrorisme et de corruption par le pouvoir en place, a provoqué une vague de manifestations d’une ampleur inégalée depuis 2013. Des dizaines de milliers de manifestants sont descendus dans les rues de la capitale pour protester contre cet acte autoritaire du président Erdogan. L’envoi des forces de l’ordre ne les a pas empêchés de se rassembler tous les soirs en face de la municipalité.
Turquie : un mouvement de contestation de très grande ampleur
Ekrem Imamoglu est le principal rival politique du président Erdogan. Démis de ses fonctions de maire, il a été arrêté et incarcéré mercredi de la semaine dernière. Il avait pourtant été investi par son parti, le CHP, pour être son candidat à la prochaine élection présidentielle. Les rassemblements ont été interdits dans les trois grandes villes du pays, Istanbul, Izmir et Ankara. Pour mettre fin à la contestation, les autorités ont déployé d’importantes forces de police, mais rien n’y a fait. Les partisans du maire emprisonné ont continué à descendre dans les rues. 1 300 arrestations ont été opérées comme le rapporte le ministère de l’intérieur. Des journalistes ont été eux-aussi arrêtés, mais ils ont été relâchés et placés sous contrôle judiciaire. Des mesures de répression ont été prises à l’encontre de nombreux opposants. Des comptes, jugés hostiles, ont été fermés. « Cessez de troubler la paix de nos concitoyens par vos provocations » a lancé le chef de l’État en direction de ses opposants, lors d’un discours à la Nation. « Ne déchainez pas contre notre police les organisations marginales de gauche » a-t-il poursuivi. Un nouveau maire devrait être désigné aujourd’hui par le conseil municipal d’Istanbul. Amnesty international a publié un communiqué où elle demande aux autorités turques « de mettre fin à l’usage inutile et aveugle de la force contre des manifestants pacifiques ».
Patrice RABE