Le président Hery Rajaonarimampianina a clamé à plusieurs reprises qu’il faisait de la lutte contre le trafic de bois de rose, une de ses priorités et qu’il n’y aurait pas d’impunité pour ceux qui étaient pris la main dans le sac. Le Premier ministre a réitéré sa détermination à traduire ces affirmations dans les actes par la création prochaine d’une chaîne pénale spéciale pour traiter toutes les dossiers qui seraient instruits. Cette volonté affichée de préserver le patrimoine forestier malgache ne s’est cependant pas traduite dans les actes et la clémence dont ont bénéficié certains gros bonnets a semblé faire douter de la sincérité de ces déclarations. Certains membres de la communauté internationale ont manifesté leur déception devant la carence des autorités dans ce domaine. Ces rappels à l’ordre répétés ont jeté un certain froid au niveau gouvernemental et au sein de l’opinion publique.
Un procès exemplaire
Le procès d’un importateur de bois de rose à Singapour portant sur une cargaison de plusieurs milliers de tonnes a remis sur le devant de la scène le scandale d’un trafic qui se livrait au vu et au su des autorités malgaches. Il a mis à jour des complicités de personnalités proches des cercles du pouvoir. La médiatisation de ce dossier par la presse internationale et locale donne maintenant l’occasion au Premier ministre de dire que les efforts entrepris par ses services ont maintenant porté ses fruits et que l’affaire ira jusqu’au bout. Ce, quelle que soit l’importance des complicités dont a joui ce négociant de Honk Kong. Le général Jean Ravelonarivo a saisi cette occasion pour affirmer qu’il n’a jamais baissé les bras et que ce procès est un exemple de cette lutte qui est contrariée par des complicités au sein de l’administration malgache. Il a cependant déclaré qu’il ne pouvait pas se prononcer sur l’implication de cette dernière tant que des investigations sérieuses ne seraient pas menées. Cette réaction est somme toute normale car il veut montrer que la justice malgache est souveraine et qu’elle tranchera en toute indépendance. Cependant, comme le passé nous dicte une certaine prudence, il ne faut pas se réjouir trop vite et attendre la suite des événements. Les observateurs vont suivre avec intérêt ce procès de Singapour et voir si le verdict que l’on annonce exemplaire sera suivi d’effets à Madagascar. Les citoyens de notre pays se prennent à espérer qu’une ère nouvelle va s’ouvrir et que les mots prononcés par le Premier ministre ne sont pas vides de sens.
Patrice RABE