Le procès de l’assassinat du juge Michel Rehavana qui va se dérouler aujourd’hui au tribunal d’Anosy est exemplaire à plus d’un titre et va être suivi avec une attention particulière par une opinion très sensible aux questions judiciaires. Après les atrocités qui ont eu lieu à Antsakabary, la police est plus que jamais sur la sellette et l’issue de ce procès permettra ou non de réconcilier la population avec les membres des forces de l’ordre.
Un procès qui doit être exemplaire
La mort du juge Michel Rehavana en 2011 avait provoqué un vif émoi parmi les membres de la magistrature en particulier et dans l’opinion en général. Des policiers de la ville de Toliary avaient été mis en cause, mais le corps de la police avait fait bloc dans cette affaire. La famille de la victime avait pris à témoin les plus hautes autorités qui avaient promis une enquête minutieuse et des sanctions exemplaires pour les auteurs de ce crime. La justice s’est mise en branle et six ans après, le procès a lieu. Il se déroule à un moment où la population a été déroutée par l’attitude des membres des forces de l’ordre à Antsakabary. Cette affaire semble avoir été couverte par la hiérarchie qui a fait preuve de discrétion, voire de mansuétude sur les bavures faites. Les accusations étayées par des preuves irréfutables des membres de la CNIDH ont ébranlé l’assurance du ministère de la Sécurité publique. Les autorités au plus haut niveau sont, elles aussi, concernées par les retombées de cette affaire sordide. C’est donc dans un climat assez tendu que va s’ouvrir aujourd’hui l’audience de ce procès des présumés assassins du juge Michel Rehavana. Il sera suivi avec attention par la presse et par le public. Les membres de la magistrature seront particulièrement vigilants et veilleront au respect de la procédure. Tout le monde attend que soit prononcé un jugement équitable et que les coupables quels qu’ils soient reçoivent une peine exemplaire. C’est à ce prix que la sérénité reviendra et que la défiance des Malgaches envers les autorités s’atténuera.
Patrice RABE