A défaut de turbulence politique, c’est le déchaînement des intempéries qui a marqué cette semaine à Tana. Les habitants de la capitale ont été surpris par ce déluge qui a provoqué l’inondation de tous les quartiers de la ville. Ce sont des torrents d’eau boueuse qui ont déferlé durant une bonne partie de l’après-midi d’hier, provoquant la panique des piétons et des automobilistes pris de court. Les Tananariviens qui étaient encore traumatisés par les éboulements meurtriers d’Ampamarinana ont accusé le coup. Le phénomène était d’autant plus inattendu que les services de la météorologie n’avaient fait aucune annonce alarmiste auparavant. Tout le monde doit donc rester sur ses gardes car on ne peut pas prévoir ce genre d’événement à l’avance. La météo politique est, elle, au beau fixe. Le président Andry Rajoelina a les coudées franches et peut appliquer son programme sans aucune opposition. La loi lui permettant de légiférer par ordonnance après avoir été votée par les députés l’a été sans amendements au Sénat. La chambre haute qui avait une coloration HVM est maintenant favorable au nouveau régime. Et certains sénateurs veulent même destituer les membres du bureau permanent. La fronde organisée cette semaine n’a pas abouti à la démission du président Rivo Rakotovao. Cette cuisine politique ne semble pas émouvoir le nouveau président qui s’est déplacé en province et à rencontré ses électeurs. Il a tenu à honorer des promesses faites durant la campagne électorale. Dans l’ensemble, le climat politique dans lequel il baigne est au beau fixe.
Sur le plan international, c’est d’abord le fameux discours sur l’état de l’union prononcé par Donald Trump qui a été un des points forts de cette semaine. Ce n’est plus le président clivant aux « tweets» intempestifs que les membres du Sénat et du Congrès ont écouté, c’est un leader qui s’est efforcé de rassembler qu’ils ont découvert. Il a parlé d’unité et de grandeur de l’Amérique, il a dressé un bilan économique très positif, il a tendu la main à l’électorat de Barack Obama. Tout le monde s’accorde à dire que ce fut un discours très habile qui lui a valu d’être applaudi autant par les Républicains que parles Démocrates. Ce succès devrait être éphémère car son administration va devoir se prononcer sur la responsabilité du prince saoudien Mohamed Ben Salmane dans le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi. Jusqu’à présent, cette dernière émettait des doutes sur les preuves apportées par les accusateurs du prince. Mais les services de renseignement américain ont fourni un enregistrement qui démontre l’implication du prince dans cet assassinat.
Le bras de fer entre Nicolas Madouro et son adversaire, Juan Guaido, auto-proclamé président par intérim, continue de plus belle. Le premier n’entend pas céder devant la pression des Etats-Unis et des pays occidentaux en général. Les pays européens ont reconnu le régime de Juan Guaido.
En Europe, les relations entre la France et l’Italie sont de plus en plus tendues. Après des mois d’attaques verbales des deux côtés, la provocation de trop est l’incursion du chef de file du Mouvement cinq étoiles à Montargis pour rencontrer les gilets jaunes. Paris a rappelé son ambassadeur pour consultation. Cela ne s’était produit qu’en juin 1940 quand l’Italie de Mussolini avait déclaré la guerre à la France.
Le nouveau pouvoir affirme lentement mais sûrement son emprise sur la politique malgache. La route est dégagée devant Andry Rajoelina et ce dernier peut concrétiser son « velirano » en toute quiétude. C’est la réalité du terrain seule qui peut maintenant le mettre en difficulté. Un peu moins d’un mois après son installation, le nouveau régime a enfin pris ses marques.
Patrice RABE