Statut particulier adopté et voté pour la ville d’Antananarivo. Une grande commune urbaine d’Antananarivo et six communes d’arrondissements. Tous les maires seront élus au suffrage universel. La première englobe le tout, c’est le grand Maire d’Antananarivo. Les six autres communes porteront des noms de quartiers. Analakely, Ambanidia, Antaninandro, Mahamasina, Ambatomainty et Ambohimanarina. Ainsi par exemple, Midi Madagasikara qui se trouve à Ankorondrano appartiendra désormais à la commune d’Antaninandro ! Voilà le résultat.
Un statut qui partage
La réticence des députés d’Antananarivo exprimée par leur absence de la salle au moment du vote, partage les avis. Des députés Mapar, des députés TIM sont sortis pour ne pas avoir à voter. Le comportement manque de courage. Les députés qui n’acceptent pas le statut particulier d’Antananarivo auraient dû montrer par le vote leur position et celle des électeurs qu’ils représentent. Ils auraient dû voter «non» tout simplement au lieu de choisir une fuite de responsabilité. Le forcing est venu essentiellement du gouvernement qui tient à ce schéma pour que les prochaines élections municipales et communales prévues au mois de juillet ne soient pas reportées et se tiennent sans anicroche. Qui ne sait que les tentatives de faire passer le texte depuis huit mois ont essuyé plusieurs fois des échecs. Le ministre ne s’est pas lassé à coups de quelques amendements de le réintroduire à chaque session des députés. Il n’est arrivé au bout de ses peines que dans cette période de gestion des affaires courantes, en attendant l’avènement du nouveau gouvernement. Néanmoins, une chose est sûre, les amendements apportés aux textes n’ont pas suffi à convaincre les députés dans leur majorité. 51 seulement ont voté. L’histoire retiendra ce résultat. Le gouvernement est néanmoins arrivé à ses fins. L’absence de quorum n’a pas empêché le vote du projet par les députés présents.
Que nous réserve ce projet de loi voté dans la précipitation et sans véritable débat public ? Le gouvernement soutient que les mairies gagneront en indépendance pour le développement avantageux de leurs circonscriptions et qu’elles auront une autonomie de gestion de leurs ressources. Mais tout le monde n’est pas cet avis. Des députés prévoient du cafouillage et de l’anarchie au niveau du fonctionnement entre les communes. Ils ne trouvent pas évident que celles-ci auront des ressources suffisantes et qu’elles puissent donner une part de 30% à la grande mairie. Les doutes exprimés touchent aussi les élections municipales de juillet prochain. Ils n’écartent pas le mécontentement des électeurs. Un boycott dû à un statut particulier de la ville, voté et adopté dans l’urgence par une minorité, serait le pire qui puisse arriver. Mais quoi qu’il en soit, la ville d’Antananarivo a son statut, il lui reste à s’en accommoder. Son avenir en dépend.
Zo Rakotoseheno