
Alors que le Musée de la Photo vient de souffler sa quatrième bougie sur la Haute Ville, un nouveau défi est lancé à cette équipe de passionnés dans une course contre la montre : sauvegarder les 50 000 plaques de verre du grand photographe des années 1930, Ramilijaona.
La famille du photographe Ramilijaona a souhaité que le Musée de la Photo héberge les quelque 50 000 négatifs sur plaque de verre qu’il a laissés. Il s’agit du plus important fonds d’images laissé par un photographe à Madagascar, tant en termes quantitatif que qualitatif.
Aux yeux des chercheurs, ces plaques de verre sont un support de recherches inestimable. Ces clichés de Ramilijaona sont, en effet, les témoins d’une époque pendant laquelle Madagascar est prospère sur le plan artistique et littéraire, dans les années 1930. À côté d’une abondante photographie officielle, c’est au cours de cette période que des studios de photographie, créés par des Malgaches, fleurissent dans les rues de la capitale. Parmi ceux-là, le studio de Ramilijaona considéré comme le père de la photographie malgache, prendra une place de choix, tant auprès de la bonne société, que de l’administration centrale ou des autorités religieuses.
Un patrimoine vulnérable
A ce jour, ces plaques de verre ont été emmagasinées dans le grenier familial où elles s’altèrent progressivement au fil du temps. Depuis presque un siècle, ces plaques de verre subissent les outrages du temps et se dégradent inexorablement.
Ces négatifs sur verre sont les résultats d’un procédé gélatino-bromure d’argent. La composition des verres n’est pas toujours stable, ce qui rend très complexe leur conservation. Les spécialistes estiment que la durée de vie d’une telle plaque peut aller jusqu’à 200 ans dans des conditions de conservation optimales, mais à défaut, cette durée de vie peut se réduire à une dizaine d’années. On estime que 20 à 30% de ce fonds est déjà perdu.
La mission du Musée pour les sauver est donc double : les numériser puis les stocker dans les meilleures conditions possibles pour les conserver comme témoins de l’âge d’or de la Photographie malgache.
La numérisation de ce patrimoine permettra une large diffusion à travers des expositions à venir, les réseaux sociaux ainsi que des conférences pour le grand public.
Un chantier de numérisation de deux ans.Le défi que s’est lancé l’équipe du Musée de la Photo consiste à créer un laboratoire de numérisation ainsi qu’une salle de stockage aux normes internationales. La numérisation de l’ensemble des plaques de verre nécessitera l’embauche de cinq personnes sur une période de deux ans. En effet, une fois les protocoles et dispositifs minutieusement calés, la numérisation de chaque plaque de verre prendra 20 minutes. Cela comprend le nettoyage, la numérisation, le traitement de l’image, l’indexation et le conditionnement des plaques.
Cet ambitieux projet n’aurait pas été possible sans la rencontre de l’équipe du Musée de la Photo avec celle de TotalEnergies Madagascar qui s’est engagé auprès du Musée, d’allouer l’ensemble des moyens nécessaires pour mener à bien ce projet.
La filiale malgache de ce grand pétrolier a, en effet, une politique de responsabilité sociale et environnementale orientée sur le dialogue des cultures, de son accès aux jeunes et de la sauvegarde du Patrimoine.
Hanitra Andria