Pour le régime, l’état de grâce est terminé depuis longtemps. La réalité ne lui permet plus de continuer à se bercer d’illusions. Il aurait pu penser que les promesses faites durant la campagne présidentielle se réaliseraient aisément, mais la réalité n’est pas aussi rose qu’elle aurait dû l’être. Les difficultés auxquelles est confrontée la population, ont provoqué un certain désenchantement chez cette dernière. La Jirama a toutes les peines à satisfaire les besoins en eau et électricité des usagers qui ne masquent plus leur irritation. Le redressement de la société est annoncé, mais beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts avant que cela ne se produise. Le chef de l’Etat se targue de réaliser ses « velirano » et effectivement, il le montre lors de ses déplacements. Mais celui qui lui tient le plus à cœur semble rencontrer une véritable résistance de la part de certains citoyens. Le projet de ville nouvelle « Tana-masoandro » est en butte à l’hostilité d’une catégorie des riverains d’Ambohitrimanjaka dont les rizières vont être comblées. Le dialogue entre les deux parties semble rompu et les promoteurs du projet ont décidé d’aller de l’avant. Les heurts qui ont eu lieu entre les forces de l’ordre et les manifestants avant-hier n’augurent rien de bon. L ‘affaire est maintenant portée sur le plan politique. Les accusations lancées par certains contre l’opposition enveniment une situation de plus en plus tendue. On va voir ce qui va se passer aujourd’hui car un appel à une grande manifestation a été lancé par des opposants au projet. Les députés de la majorité, en tout cas, appellent au calme et se posent en médiateurs. L’autre grande affaire de cette semaine est ce procès qui oppose Air Madagascar et Air France. Le jugement rendu par le tribunal de commerce de Paris est totalement défavorable à la compagnie nationale qui va devoir verser 46 millions de dollars à l’autre partie. On se demande comment Air Madagascar va procéder et si elle en sortira indemne.
La situation au nord de la Syrie semble s’être stabilisée après l’annonce de la fin de l’offensive turque. ..Les Turques, disent les analystes, ont remporté la mise. Ces derniers ont accepté un cessez-le-feu temporaire après la rencontre du vice -président américain, Mike Pence, avec le président Erdogan. L’accord prévoit un arrêt définitif des combats après le retrait des forces kurdes au-delà d’une zone de sécurité. Cette acceptation d’ Ankara est considérée comme une capitulation des Américains devant les exigences turques. Cela n’a pas empêché le locataire de la maison blanche de se féliciter d’avoir « sauvé des millions de vie ». Les Kurdes qui ont été écartés des négociations sont les grands perdants.
Un accord sur le Brexit a été trouvé entre Boris Johnson et Bruxelles. L’impasse a donc été évitée. On n’en connait pas encore la teneur, mais le scénario catastrophe annoncé a été évité. Le Premier ministre britannique se réjouit, en parlant d’un très bon accord, mais les Européens sont beaucoup moins euphoriques. Ils ont sauvé l’essentiel à savoir l’intégrité du marché unique et l’invisibilité de la frontière entre les deux Irlandes, Boris Johnson va devoir maintenant se présenter devant son parlement. Le vote des députés n’est pas acquis.
Neuf mois après son installation, le régime n’est plus assuré de ce soutien massif dont il pouvait se vanter. L’effritement de la confiance de l’opinion est notable. Des divisions commencent aussi à apparaître dans les rangs de la majorité et l’opposition se met à relever la tête. Cette semaine, l’atmosphère est devenue délétère. On verra quelles tournures vont prendre les événements d’aujourd’hui.
Patrice RABE.