Ils ne le disent pas expressément, mais l’attitude de leur entourage le montre clairement. Ceux que l’on considère comme les principaux challengers de l’élection présidentielle de 2018 ont l’esprit totalement accaparé par la conquête de ce pouvoir qui leur est si cher. Ils ont tous préparé le terrain et leurs équipes s’activent pour ne pas se laisser distancer.
Une bataille électorale qui s’annonce fiévreuse
L’ancien président Marc Ravalomanana a annoncé la couleur depuis longtemps en déclarant « urbi et orbi » qu’il se portait candidat à l’élection présidentielle de 2018. Il s’est activé très tôt pour mobiliser ses partisans. Le régime a multiplié les tracasseries à son égard, mais il a continué résolument sa précampagne. Il a réussi à transformer l’interdiction de la célébration du 15e anniversaire de son parti TIM en triomphe populaire. Il continue ses tournées en province pour mesurer sa popularité. Le chef de l’Etat, qui, même s’il ne le déclare pas officiellement, est lui aussi entré en campagne et a entamé un véritable duel politique avec son rival, en allant dans les mêmes lieux que lui. Chacun a fait bonne figure lors de leur rencontre, mais personne n’a été dupe de leur attitude. Cela a été bien entendu rapporté par tous les organes d’information présents sur place. Sur le terrain, cependant, les états-majors s’activent et multiplient les réunions pour recruter de nouveaux militants. Les pratiques anciennes sont toujours utilisées. L’administration est mise à contribution pour ce faire. Jusqu’à présent, le président de la transition Andry Rajoelina ne s’est pas manifesté, mais lui et son équipe sont très présents sur le terrain. Il a pu mesurer sa popularité lors des quelques réunions publiques qu’il a organisées. Il a pris le parti de ne pas médiatiser ces déplacements car il ne veut pas se précipiter. Il a choisi d’observer un silence médiatique car lui et ses collaborateurs ont élaboré une stratégie mûrement réfléchie. Une fois que la machine sera lancée, on ne pourra pas l’arrêter. Le chef de l’Etat devra alors livrer sa bataille électorale sur deux fronts. On en est encore aux prémices aujourd’hui. On entrera dans le vif du sujet à la fin de l’année.
Patrice RABE