L’arrivée des médiateurs internationaux à Madagascar semble avoir laissé indifférente l’opinion. Les consultations qu’ils ont menées n’ont pour le moment pas permis de débloquer une situation qui ne cadre pas avec les schémas habituels. Le pouvoir en place, qui a agi en toute impunité durant ces quatre ans, est contesté de toutes parts et ce sont des parlementaires, élus du peuple, qui ont réussi à cristalliser ce mécontentement. Contrairement à d’autres pays en crise, il n’y a pas eu de débordement. Les forces de l’ordre ont affirmé qu’elles ne seraient pas des instruments de répression. Cette fois- ci, ce besoin de changement s’est appuyé sur des arguments juridiques et c’est de manière légale qu’il sera concrétisé. Tous les yeux sont tournés vers cette HCC qui va juger selon le droit et qui ne devrait se laisser influencer par aucune des parties en présence. Pour le moment, la médiation entreprise par les différents émissaires des Nations unies, de l’Union africaine et de la SADC n’a pas porté ses fruits. Les députés du changement porteurs de la parole de la majorité de la population ne veulent pas d’un accord qui ne réglera pas les problèmes de fond de cette crise. La contestation n’est pas localisée à Antananarivo, elle s’exprime dans toute l’île. Les tentatives du régime de reprendre la main sont jusqu’à présent restées vaines. La guerre de communication bat son plein en ce moment et l’utilisation de réseaux sociaux pour lancer ce qu’on appelle des « fake news » est l’une des armes utilisées. La rumeur très insistante d’une marche des manifestants du 13 mai ce samedi a fait le « buzz », ces derniers jours. Elle a été démentie par les leaders du mouvement des députés du changement. Mais cela a permis aux responsables des forces de l’ordre de faire des mises en garde.
Sur le plan international, c’est bien entendu l’annonce du retrait des Etats- Unis de l’accord nucléaire conclu avec l’Iran qui a marqué l’actualité ces derniers jours. Ce retrait avait été annoncé et il n’a pas surpris outre mesure les autres signataires. La France, l’Allemagne, la Grande Bretagne et la Russie et la Chine ont déploré l’attitude de la première puissance mondiale. Israël et l’Arabie Saoudite s’en sont félicités. L’Etat hébreu a commencé à masser des forces armées sur le plateau du Golan au nord de la Syrie et a entrepris de bombarder des positions iraniennes dans le pays. En Iran, le ton des autorités est plutôt modéré et l’on ne parle pas encore d’escalade.
Le président Donald Trump reste fidèle à son personnage et ne se soucie guère de l’opinion des dirigeants des autres pays. Nul ne sait si son attitude actuelle n’est pas une posture qui lui permettra par la suite d’apparaître comme un artisan de la paix. En tout cas, il peut aujourd’hui se féliciter de son attitude vis-à-vis de Kim Jung ; car leur rencontre qui aura lieu le 10 juin prochain scelle le début d’une détente inespérée dans la région.
La crise malgache est encore loin d’être résolue, mais on s’avance, du moins on l’espère, vers un épilogue sans drame et sans affrontement. Ce que l’on vit aujourd’hui est le résultat des erreurs commises dans le passé. C’est dans le cadre de la légalité que l’on parviendra à sortir de cette situation. L’opinion en est consciente et elle refuse tout aventurisme.
Patrice RABE