Pour les observateurs étrangers, le sentiment qu’ils éprouvent en analysant la situation politique à Madagascar est plutôt mitigé. S’ils ne se contentent que d’une sorte de vue superficielle, ils ont l’impression de voir des Malgaches plutôt sereins et au tempérament peu revendicatif. Ils ne voient que l’apparence des choses et ne se rendent pas compte de leur mal-vivre car ils ne se dévoilent pas devant les étrangers. Mais pourtant, ils sont de plus en plus nombreux à subir les contrecoups d’une crise autant sociale que politique.
Une crise qui n’en finit pas
Les Malgaches de ce début du XXIe siècle vivent très mal cette crise qui n’est pas prête de finir. Les hommes politiques, tout à leurs rivalités, se voilent la face devant cette réalité. La population qui en est victime ne cherche plus à s’indigner et se résigne tant bien que mal. Elle préfère pour le moment ne pas faire de vagues et les dirigeants qui pensent bien maîtriser la situation continuent à mettre en œuvre leur stratégie censée les maintenir au pouvoir. Les interpellations diverses des opposants et des membres de la société civile ne les préoccupent guère. Les analystes sérieux estiment cependant que ce malaise qui existe ne se dissipera pas et que si l’on n’essaie pas d’établir un véritable dialogue, une explosion sociale est inévitable. Forts des pouvoirs dont ils disposent, les caciques du régime avancent d’un pas assuré. Ils ont l’illusion d’être compris et soutenus par la population alors que le mécontentement gagne de plus en plus du terrain. Cependant, les Malgaches, du moins les plus patients, espèrent pouvoir le manifester à travers les urnes. La majorité manifeste plutôt une résignation teintée d’indifférence. Le discours que tiennent les hommes politiques ne les intéresse plus. Pour le moment, ils ne voient pas le bout du tunnel.
Patrice RABE