La peste s’est invitée dans le quotidien des Malgaches et occulte aujourd’hui tous les autres sujets. Même si on ne veut pas verser dans l’alarmisme, le bilan des décès et des cas suspects qui s’alourdit de jour en jour montre que l’on est au début d’une épidémie très grave et que l’on risque de le payer très cher. Après de multiples tergiversations, les autorités ont pris les mesures nécessaires mais peut-être encore insuffisantes. Antananarivo et Toamasina, les villes les plus touchées, sont traitées de manière prioritaire, mais leurs maires font l’objet de la critique virulente du pouvoir qui leur reproche leur inaction. La polémique qui a enflé cette semaine a pris des proportions qu’on n’imaginait pas. Les personnalités visées n’ont pas manqué de répondre et de mettre le régime devant ses responsabilités. Cette récupération politique semble bien dérisoire devant les épreuves que traverse le pays en ce moment. La charge du régime contre les responsables des communes urbaines d’Antananarivo et de Toamasina s’apparente à une tentative d’abattre des adversaires politiques. Le pouvoir d’ailleurs profite de l’instant pour essayer d’affaiblir celui qu’il considère comme son principal adversaire, en s’attaquant à son empire industriel. Certains diront que c’est de bonne guerre et qu’en politique, tous les coups sont permis. Mais, dans le contexte actuel, on ne peut s’empêcher de regretter le cynisme de l’attitude. L’opinion est maintenant au courant de cette démarche qui se voulait discrète et qui n’est pas passée inaperçue. Plus choquant encore est ce mutisme du président de la République qui semble totalement indifférent au calvaire de ses compatriotes. Depuis le début de l’épidémie de peste, il s’est muré dans un silence que la population ne comprend pas.
Sur le plan international, les sujets brûlants ne manquent pas. Tout d’abord, il y a les suites politiques de ce référendum organisé en Catalogne par les indépendantistes. Cette consultation organisée, le week-end dernier, est considérée comme illégale par le pouvoir central espagnol. Ce raidissement a encore plus de poids après le discours du roi Felipe qui a vigoureusement condamné la démarche. Les dirigeants indépendantistes et les chefs de la police catalane ont été arrêtés. La cour suprême espagnole a interdit la tenue de la réunion de l’assemblée territoriale qui devrait se tenir lundi prochain pour examiner une déclaration d’indépendance de la Catalogne.
La fusillade de Las Vegas interpelle sérieusement la classe politique et l’opinion américaines. Stephen Paddock, ce retraité discret, est devenu l’auteur de la tuerie la plus sanglante des Etats-Unis. Personne n’arrive à expliquer son geste et sa famille elle-même ne comprend pas les raisons de cet acte. Comme dans tous les massacres du même genre qui ont eu lieu ces dernières semaines, la question de l’interdiction ou au moins de la limitation de l’emploi des armes à feu se pose. La N.R.A. qui dans un premier temps a refusé de reconsidérer la question a fini par envisager la mise en place d’un contrôle lors de la vente des armes semi-automatiques.
Le prix Nobel de la paix a été décerné hier à la « campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires » (I.C.A.N.), regroupant 700 organisations prônant l’abolition des armes nucléaires. La campagne a réussi à faire adopter son traité par 122 pays lors de 72e session de l’A.G. de l’O.N.U. Les cinq puissances nucléaires membres du conseil de sécurité ont voté contre.
La peste va encore continuer à préoccuper les esprits pendant un certain temps. Les moyens ont été mis en branle pour éradiquer le fléau, mais les efforts doivent s’intensifier. Cette mobilisation est cependant ternie par cette polémique créée par le régime qui s’interdit pourtant de faire de la récupération politique. On verra dans les jours à venir si la progression de la maladie va s’arrêter, néanmoins, la crainte de la population est réelle et vire même à la psychose.
Patrice RABE