Madagascar vient de lancer sa stratégie nationale de sécurité humaine pour faire face aux enjeux liés aux migrations internes.

Entre 1993 et 2008, Madagascar a connu une augmentation significative des migrations internes. Le phénomène est largement influencé par des facteurs environnementaux, économiques et sociaux. La région Androy illustre parfaitement cette dynamique. Confrontée à des sécheresses prolongées et à une dégradation des terres agricoles, cette région a vu une partie importante de sa population migrer vers d’autres zones du pays comme la région Menabe, en quête de meilleures conditions de vie. Ce dépeuplement a entraîné une baisse drastique de la densité démographique locale, modifiant profondément les structures sociales et économiques de la région. « Cette région a un solde migratoire négatif de -105 309 personnes, soit -11,70% de sa population résidente, ce qui signifie qu’elle perd plus de résidents qu’elle n’en gagne » peut-on lire dans la stratégie nationale. Les départs massifs ont également fragilisé les communautés restantes, accentuant leur vulnérabilité face aux crises environnementales et réduisant les capacités locales à se redresser.
Pôle d’attraction.
Contrairement à l’Androy, la région Menabe s’est imposée comme une destination majeure pour les migrants internes. Grâce à son potentiel agricole, notamment dans la culture du riz et des produits de rente comme le maïs, la région Menabe attire des populations en quête d’opportunités économiques. Selon la stratégie nationale, la population résidente de cette région était de 692 463 personnes dont un nombre total de migrants de 78 850, soit 11,39% de la population résidente. La région « accueille des migrants venant de l’Androy, mais aussi, et surtout d’autres régions du Sud, comme le Vakinankaratra, l’Atsimo-Andrefana et l’Analamanga, et à moindre mesure, la Haute-Matsiatra, le Vatovavy-Fitovinany, etc. » Si ce solde migratoire positif reflète ainsi une attractivité croissante de la région, cet afflux massif exerce une pression exponentielle sur les ressources naturelles et les infrastructures locales. La déforestation y est particulièrement préoccupante, menaçant l’équilibre écologique de cette zone riche en biodiversité. Par ailleurs, l’intégration des nouveaux arrivants pose des défis socioculturels, nécessitant des politiques inclusives pour éviter les tensions entre migrants et communautés hôtes. Le cas de l’Androy et du Menabe souligne l’urgence d’une gestion cohérente des migrations internes à Madagascar. La stratégie nationale, qui vient d’être lancée, entend apporter des réponses adaptées aux spécificités de chaque zone tout en promouvant une approche cohérente et inclusive de la gestion des migrations internes. Encore faut-il que le pays arrive à la mettre en œuvre.
José Belalahy