L’interdiction de la manifestation du 15e anniversaire du TIM avait été maintenue envers et contre tous par le préfet de la ville d’Antananarivo. L’effet escompté fut pour le régime un véritable désastre. L’ancien président Marc Ravalomanana a retrouvé à cette occasion tout son aura auprès des citoyens de la Capitale et a tiré avantage de cette véritable maladresse du régime.
Une maladresse qu’il sera difficile de faire oublier
On doit certainement se demander en haut lieu comment on en est arrivé là. Celui qui a géré ce dossier a commis un impair et il sera très difficile de le faire oublier auprès des Malgaches en général. Le préfet d’Antananarivo va être le bouc émissaire idéal, mais n’oublions pas qu’il a agi sur ordre. Les conséquences auraient été moins graves si l’interdiction avait été signifiée dès le début de la semaine. Ce revirement constaté par la suite et le ton comminatoire employé ont fortement indisposé l’opinion. En décidant d’empêcher la célébration de ce 15e anniversaire, les autorités ont fait preuve d’un autoritarisme qui n’est plus de mise aujourd’hui. L’enlèvement du matériel de sonorisation et le bouclage du stade de Mahamasina ont fini par indigner l’ensemble des citoyens qu’ils soient sympathisants du TIM ou non. L’effet a été l’inverse de ce qui était espéré. C’est une foule immense qui s’est rassemblée à Anosy devant le Carlton et qui a acclamé Marc Ravalomanana à la sortie de la cérémonie qui s’est tenue à l’intérieur. Une véritable ferveur a été ressentie tout au long du parcours du cortège qui s’est d’abord rendu devant le stade et qui s’est heurté à un barrage de militaires armés. On a senti un certain flottement chez ces derniers, mais la marée humaine a préféré se diriger vers Analakely. Là encore, les forces de l’ordre présentes ont observé un certain attentisme, ne sachant pas quelle contenance adopter. Le préfet ayant fait une courte apparition, ces dernières se sont résolues à jeter quelques grenades lacrymogènes. Le gros des manifestants a parfaitement compris qu’il n’était pas nécessaire de continuer, ne voulant pas donner un prétexte à certains casseurs présents près des pavillons d’agir. C’est donc une démonstration de force pacifique qui a été faite hier et dont les échos ont été rapportés dans les médias nationaux et internationaux. Le régime a été déconsidéré aux yeux de tous. Il a perdu le peu de crédit qu’il avait encore auprès d’une opinion de plus en plus lasse.
Patrice RABE