Madagascar a choisi d’être neutre vis-à- vis du conflit opposant la Russie à l’Ukraine. Elle l’a manifesté à l’ONU en s’abstenant de prendre position lors du vote de la résolution présentée à l’Assemblée générale. Avant-hier, elle se singularisait par rapport à la majorité des pays africains. Elle a expliqué clairement son attitude par son désir d’entretenir de bonnes relations avec toutes les parties impliquées. C’est une décision qu’elle assume pleinement et dont elle mesure les conséquences.
Une neutralité pleinement revendiquée
Le Premier ministre Christian Ntsay avait, dès le début, affirmé la position de la Grande île. Il avait dit que le pays préférait observer attentivement la situation et n’entendait pas prendre partie dans ce conflit entre l’Ukraine et la Russie. Cette prise de position survient après la publication d’un communiqué des ambassadeurs des pays occidentaux en poste à Tana, demandant à Madagascar de condamner l’entrée des troupes russes en Ukraine. Cette démarche avait lieu avant la présentation d’une résolution à l’Assemblée générale de l’ONU. Dans la foulée, il y eut le déplacement de l’ambassadeur russe au ministère des Affaires étrangères à Anosy où il a apporté des éclaircissements sur la situation qui prévaut actuellement. La diplomatie malgache a décidé de renouer avec ce non-alignement qui avait été prôné dans les années 70. Madagascar ne veut pas s’engager dans une voie où elle risque d’être entraînée à son corps défendant. Mais elle risque de payer les conséquences de cette attitude sur le terrain économique. Elle dépend grandement des bailleurs de fonds pourvoyeuses d’aide nécessaire à son développement. Ces derniers ne vont certainement pas arrêter d’allouer des crédits à notre pays, mais on devrait constater un ralentissement de cet octroi. La position de la Grande île peut être discutée, mais elle est courageuse. Les dirigeants du pays doivent maintenant en mesurer la portée.
Patrice RABE