
La route nationale reliant les deux régions du Nord, SAVA et DIANA, est une des routes les plus fréquentées à Madagascar. Cette route mythique qui relie les deux régions les plus riches du pays fait actuellement la Une des réseaux sociaux, notamment sur facebook par la publication d’images insolites mais aussi très surprenantes les unes comme les autres. Tristes réalités, surtout pendant la saison de pluie ! C’est la seule route qui permet de favoriser les échanges entre la région SAVA et la région DIANA, mais elle est considérée comme « délaissée » selon certaines personnes et « oubliée » d’après d’autres. « Cette route nationale de moins de 165 km n’a jamais fait l’objet d’un sérieux problème pour l’Etat malgache d’après les originaires du Nord de l’Ile dans la mesure où cette portion de route fait partie des projets électoraux (lors des propagandes) et jamais des projets de développement au sens global du terme ». Cette route phénoménale fait le cauchemar des camionneurs et de tous les voyageurs dans le Nord.
Une grande aventure! Pour la traversée d’Ambilobe-Vohémar pendant la saison sèche, avec les voitures 4×4, on peut effectuer le trajet en 10 à 12 heures de temps. Avec les taxis-brousse, il en faut pas moins de 15 heures de temps. Pendant ce trajet, les passagers sont obligés de descendre et de réaliser une longue marche à pieds jusqu’à ce que la voiture arrive à traverser les zones les plus enclavées. Par ailleurs, il faut beaucoup de ténacité puisque, non seulement la route est poussiéreuse mais aussi très longue. Et le pire c’est durant la saison de pluie où la poussière se transforme en « une mare de boue ». Et le trajet peut aller de 5 à 6 jours, voire même une semaine ou plus. Un véritable calvaire ! Avec les 4X4 par contre, on peut faire le trajet en 3 jours au minimum. Les camions quant à eux peuvent l’atteindre en deux semaines. A cet effet, de nombreux camions restent bloqués au milieu de la route et empêchent la circulation des autres véhicules. Seules les motos peuvent parcourir cette route en moins de 48 heures. Mais durant le parcours en moto, près de la moitié du voyage se fait encore à pied tout en poussant la moto.
Réhabilitation ou construction? « J’ai lu dans les journaux ou dans les communiqués d’ici et d’ailleurs que la RNS-5a va être réhabilitée. Mais attendez ! Ceux qui n’ont jamais fait la traversée parlent de réhabilitation, alors que la triste réalité c’est que la route d’Ambilobe à Vohémar n’a jamais fait l’objet d’une construction, et elle n’a encore moins été goudronnée. A mon avis, il faut plutôt parler de construction ! En réalité, elle devrait même faire l’objet de grands travaux d’envergure nationale, puisque plusieurs ponts relient ce tronçon de route très riche en termes de ressources économiques » a martelé un opérateur économique très connu originaire de la région DIANA.
Témoignages
José, un étudiant en communication à Ankatso originaire de Sambava nous témoigne : « Chaque année je souffre durant le trajet d’Ambilobe-Vohémar. C’est cette route qui m’exaspère le plus, alors que d’Antananarivo vers Ambilobe, le chemin est encore plus long. D’ailleurs, c’est cet axe qui ne me donne pas envie de partir en vacances rendre visite à ma famille. Si seulement vous aviez vu ce que nous avions enduré dernièrement, vous n’arriverez jamais à y croire. Nous nous sommes baignés dans la boue pour pousser le véhicule qui nous a transportés pendant pas moins de 4 heures de temps. Et le comble, c’est que pour faire 10 km il en faut pas moins de 5 heures de temps ! Vous imaginez un peu cela ? Si un jour cette route est goudronnée comme nous en avons l’habitude d’entendre dire par les dirigeants, je pense que les originaires de la SAVA voteront pour eux à chaque mandat. »
Fabrice de Vohémar : « Nous venons de faire un parcours d’Ambilobe-Vohémar la semaine dernière, et notre voyage a duré 6 jours ! Je n’avais plus d’argent en poche en arrivant à Maromokotra, puisque le parcours a été trop long. Et j’ai fait une erreur de calcul à ce que j’avais prévu. Un vrai cauchemar ! Heureusement, qu’il y avait un ami qui a bien voulu me « dépanner » avant d’arriver à Ambilobe, sinon j’aurais crevé de faim ! »
« Notre voiture est tombée en panne avant d’atteindre Anjavolatsaka près d’une pente, et nous avons marché durant près d’une journée avant que notre moyen de transport n’ait pu nous rattraper. Un vrai cauchemar ! D’après les gens qui ont attendu à ce que notre véhicule ait pu se libérer, il a fallu le tirer par un tracteur, puisque les roues se sont tellement enfoncées dans la boue, que la voiture ne pouvait plus bouger » rapporte Nathalie.
Une nouvelle alternative très astucieuse!
Pour éviter les calvaires de la route Ambilobe-Vohémar, depuis quelque temps, des vedettes rapides essaient de relier Ambolobozy à Vohémar pour une durée de 12 heures de temps seulement. Une nouvelle alternative pour fuir la route « cauchemardesque », mais aussi un nouveau moyen de transport qui permet de passer de la région DIANA vers la région SAVA plus rapidement. Les acclimatés de ce nouveau moyen de transport en témoignent qu’ « avec les vedettes rapides, c’est plus pratique, surtout durant la période de pluie où la boue sur la RNS-5a peut atteindre jusqu’aux hanches ».
Un défi pour l’Etat actuel
Pendant les périodes électorales, « les politiciens annoncent toujours que bientôt, la route Ambilobe-Vohémar sera goudronnée ». Autrement dit, tous les chefs d’Etat qui se sont succédé dans le pays tout comme les élus locaux n’ont tous fait que de « fausses promesses » comme en ont l’habitude d’entendre les habitants dans ces régions. Lors du passage du Président Hery Rajaonarimampianina à Sambava en 2014, il a promis que « la route reliant Ambilobe et Vohémar sera goudronnée », une route qu’il a lui-même considérée comme « la route de la réconciliation nationale », puisque cette route permettra de relier toutes les régions de Madagascar. Et récemment encore, le ministre des Travaux Publics l’a confirmé. Roland Ratsiraka a lui-même fait un Etat des lieux en moto sur la situation de l’enclavement sur cette route nationale.
Mais ceci étant, la réalisation de ce projet reste un très grand défi, et surtout pour l’Etat actuel.
BJ. Chirac