Le Covid 19 est toujours le principal sujet de préoccupation des Malgaches, et avec la brusque augmentation des cas de contamination, la simple crainte s’est muée en angoisse obsédante. Il y a, certes, l’épidémie, mais dans son sillage apparaissent de nombreux problèmes pour le pays. La population en a pris le parti et continue courageusement sa lutte pour la survie. L’indiscipline ou l’irresponsabilité de certains se paient maintenant. Le raidissement des autorités pour y répondre est normal, et il permettra de limiter, dans la mesure du possible, la propagation du virus. La situation sur le plan économique est tout aussi problématique. Tous les secteurs sont pénalisés et les entreprises ont besoin d’une aide urgente de l’Etat pour ne pas sombrer. En aval, il y a les dizaines de milliers de salariés qui en pâtiront. Cette épidémie de Covid 19, même si c’est le sujet principal de la préoccupation de tous les citoyens, ne peut occulter les autres points de l’actualité nationale. La question des îles éparses est revenue au premier plan après la décision prise par le ministre français de l’Environnement de faire une consultation publique à propos d’un projet de décret sur la création d’une réserve naturelle sur l’archipel des îles Glorieuses. La réaction malgache ne s’est pas fait attendre, et la protestation du gouvernement a été signifiée par le ministre des Affaires étrangères à l’ambassadeur de France. Aussi, les députés malgaches ont-ils été tout fermes et ont sollicité l’appui de l’Union africaine pour la poursuite des pourparlers entre les deux parties. Cette semaine, de nombreux citoyens ont découvert la construction d’un ouvrage architectural appelé « Kianja Masoandro » dans l’“Anatirova”, à côté du palais de Manjakamiadana. La décision de sa construction a été prise sans consultation du public et c’est un véritable tollé qui a accueilli cette nouvelle. Pour ceux qui ont été indignés, il s’agit d’un véritable sacrilège car cet édifice dénature le site qui appartient au patrimoine national malgache.
Sur le plan international, la situation est relativement contrastée à propos de l’épidémie de Coronavirus. Les Etats-Unis et certains pays d’Amérique du Sud sont toujours sérieusement impactés tandis qu’en Europe, on constate une accalmie et même une baisse de la contamination. Le pays de l’Oncle Sam compte 95 000 décès et 1 609 000 contaminés, et les chiffres partent à la hausse tous les jours. Le président Donald Trump essaie de calmer le jeu en continuant à envoyer ses Tweets ravageurs. Il a avoué avoir pris un comprimé de chloroquine par jour et qu’il en a tiré beaucoup de bien. Mais il continue aussi de tirer à boulets rouges sur la Chine qu’il menace des pires sanctions économiques. Cette dernière a riposté en décidant de ne plus utiliser le dollar dans ses transactions commerciales, mais de faire ses opérations en yuans.
Les pays européens ont presque tous opéré un déconfinement et l’on constate qu’il y a eu une décélération de l’épidémie. L’Espagne, l’Italie, le Portugal, l’Allemagne, les Pays-Bas, la Pologne, la Norvège ou la France ont redonné une certaine liberté à leurs citoyens. Leurs autorités ne s’en réjouissent pas trop vite pour le moment et espèrent qu’il n’y aura pas de deuxième vague de l’épidémie.
Ce mois de mai est une période charnière dans la lutte contre le Covid-19, aussi bien à Madagascar que dans les autres pays du monde. Dans la Grande île, les ravages de l’épidémie commencent à faire peur. Une crainte diffuse s’installe, mais les spécialistes ne s’étonnent pas de cette explosion des cas de contamination au vu de l’état d’esprit qui régnait à un moment donné. Tout le monde attend de voir comment le pouvoir va gérer cette situation. L’opinion est dans l’expectative. La confiance envers les autorités risque de s’effriter si ces dernières n’arrivent pas à maîtriser cette propagation du virus.
Patrice RABE