On dit souvent que les Malgaches sont indolents. On le constate aujourd’hui presque journellement dans leur comportement face aux difficultés auxquelles ils sont confrontés. Malgré tous les coups du sort qui leur tombent sur le paletos, ils ne veulent pas ruer dans les brancards et préfèrent supporter ce qui leur arrive. Dans les circonstances actuelles, cela facilite la tâche des dirigeants qui travaillent à leur rythme et ne subissent pas des mouvements d’humeur tout à fait compréhensibles. Cependant, si les résultats tardent, cela peut se retourner contre le pouvoir qui, comme l’a montré le passé, ne pourra plus maîtriser une situation chaotique.
Une patience qui a ses limites
Les Malgaches ont retenu les leçons du passé, les manifestations auxquelles ils ont participé ne leur ont pas apporté les résultats escomptés. Ils sont amers quand ils voient les conditions de vie actuelle. Aujourd’hui, les raisons de montrer leur mécontentement sont nombreuses, mais ils ne veulent pas se heurter à plus fort qu’eux. L’appareil sécuritaire du pouvoir est prompt à se mobiliser pour empêcher les mouvements de protestation. Les citoyens, même s’ils trouvent que la situation est à la limite du supportable, ne sont pas prêts à montrer clairement qu’ils souffrent. C’est sur les réseaux sociaux que quelques-uns expriment ce mal vivre. La grande masse se tait et essaie de s’adapter. Mais les chiffres du taux de pauvreté à Madagascar parlent d’eux-mêmes. Le régime est conscient de l’existence de cette colère rentrée, mais il doit trouver des subterfuges pour masquer une réalité qui saute aux yeux de tout le monde. Il utilise les canaux d’information existant pour apaiser. Cela marche un moment, mais cela ne suffit pas. Une partie de l’opinion refuse d’être dupe des belles paroles qu’on leur susurre. C’est sur le long terme que l’on va savoir quels seront les effets de cette campagne de communication menée habilement.
Patrice RABE
Eh oui, c’est comme ça !!