Jusqu’ici, la population ignore encore la localisation exacte du premier officier municipal d’Antsiranana. La ville garde son souffle, ses habitants ne croient pas les dires du commissaire de Maevatanana, qui a affirmé lundi 25 mars dernier que Djavojozara n’a pas été arrêté. Il y a anguille sous roche ! Les Diegolais ne savent pas où est parti leur « père aimable » qui s’est sacrifié pour le bien de ses « enfants ».
La vie continue, mais les doutes se voient sur les figures. Dans les tuk-tuk, au marché, dans les bars, chez les coiffeurs, partout où l’on va, les citoyens abordent le sujet, « Où est le maire ? ». Et les hypothèses sont proposées. « Il n’est pas en liberté, j’en suis sûr », avancent certains. « Serait-il en prison ? Pourquoi l’ont-ils arrêté ? », se demandent les autres ! Facebook est devenu un théâtre sur lequel les coléreux s’acharnent sur les dirigeants du pays. C’est le moins qu’ils puissent faire ! Les appels à manifestation ont été proposés le jour de la disparition, mais le climat n’était pas en la faveur des initiateurs, si ce n’est qu’un prétexte.
Du déjà vu… Réaction similaire lors du décès de la reine du salegy ! Par ailleurs, les journalistes locaux se font pointer du doigt. Accusés de rester les bras croisés, ces personnels de l’information préfèrent ne pas s’aventurer sur un terrain glissant. Cette sérieuse affaire nécessite un recoupement. Mais, les citoyens lambda s’en contrefichent, ce qui leur importe, ce sont des nouvelles de Jean Luc Djavojozara dans les plus brefs délais. Une réaction très compréhensible ! La colère se ressent, mais, elle s’arrête heureusement dans le fil d’actualité.
La crainte. La ville du Varatraza n’est désormais qu’une girouette pivotant dans le sens du vent forcé de l’administration. Autrement dit, elle n’a plus la bravoure du « guerrier d’Ambilomagôdra ». Mal vu par la société de son vivant, l’objectif de cet officier militaire a été tardivement compris. Un enseignant d’histoire préférant taire son nom, s’est quand même exprimé, « Je ne suis pas pour la grève. Cependant, je vois que les gens de cette ville ont perdu leurs leaders. Les anciens s’en souviennent de ces personnes qui tenaient des pancartes pour s’opposer au régime de Ramanantsoa qui voulait chasser les légionnaires français. Nous étions déterminés lors de la crise politique en 2002. Je crois que tout cela, c’est de l’histoire ancienne. Nous n’avons plus ce caractère ». Ces événements servaient de leçons. Par conséquent, la nouvelle génération arrondit les angles. Adoucie, elle demeure statique voire stoïque, de peur que le régime actuel ne les oppresse d’une manière ou d’une autre. Toutefois, rien ne dit que le pouvoir interviendra. Le gouvernement a d’autres préoccupations. Le cyclone Gamane a tellement rincé la jeune et petite province que l’État sera au chevet des victimes. Alors, réprimer un sit-in serait comme tuer une mouche avec un canon ! Hormis la hausse vertigineuse des prix des denrées alimentaires ainsi que l’inondation, la peur oblige le peuple tavaratra à manifester. Personne ne veut se faire arrêter…
Iss Heridiny