
Le cirque démocratique reprend cette semaine à l’Assemblée nationale, mais cette fois, l’ambiance est tout sauf bon enfant. Le premier face-à-face entre les députés et les membres du gouvernement s’annonce électrique.
Le décor est planté, tensions sociales explosives, colère populaire palpable, et une classe politique totalement déconnectée des réalités du pays. Au moins cinq ministres seront dans l’œil du cyclone, et ce n’est pas pour des accolades républicaines. La ministre de l’Économie et des Finances, celui de l’Énergie, le ministre de l’Environnement, celle des Affaires étrangères mais aussi celui de l’Énergie et des Hydrocarbures devront affronter une pluie de critiques des députés, notamment du groupe Firaisankina, bien décidé à ne pas jouer les figurants. Les deux jours de face-à-face entre les élus de la Chambre basse et les membres du gouvernement de Christian Ntsay s’annoncent électriques.
Inexplicable. Le ministre de l’Énergie et des Hydrocarbures, Olivier Jean-Baptiste, aura fort à faire pour expliquer l’inexplicable, des délestages interminables, des coupures d’eau dans les grandes villes comme dans les campagnes, et un mutisme d’État face à une situation qui vire à la catastrophe. Si celui-ci a pu trouver la parade en esquivant les journalistes il y a près d’une semaine, cette fois, les députés auront trois minutes chacun afin de poser les bonnes questions et entendre en retour des réponses claires sur ce que l’État a à proposer face à cette situation qui devient de plus en plus intenable. D’autant plus que le ras-le-bol et la colère grondent. Pas plus tard que ce mardi, les étudiants d’ESPA Vontovorona, ainsi que les habitants de Manarintsoa ont manifesté contre les délestages répétitifs et les coupures d’eau.
Souveraineté
Entre la situation des îles Éparses et Base Toliara, l’État valse entre le flou diplomatique et l’entêtement écologique. En effet, sur le dossier des Îles Éparses, le gouvernement joue la montre pendant que la France s’enracine. La ministre des Affaires étrangères devra enfin répondre de cette léthargie diplomatique qui frise l’abandon de souveraineté avant le rendez-vous du 30 juin prochain à Paris. Quant au projet minier Base Toliara, la pilule ne passe toujours pas. Une partie des populations locales continue de crier leur ras-le-bol, pendant que le ministère de l’Environnement s’obstine à défendre l’indéfendable. C’est surtout aux questions concernant l’impact écologique de ce projet qu’il doit répondre malgré bon nombre de discours officiels sur le sujet.
Procès politique. La ministre de l’Économie aura la lourde tâche d’expliquer comment l’État compte jongler avec un budget en lambeaux, une pauvreté galopante et l’inexistence d’une loi de finances rectificative cette année. En effet, la première rencontre entre Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison, mardi dernier, annonce déjà les couleurs de ce face-à-face. En marge de la séance à huis-clos, les députés se disent insatisfaits des réponses de la ministre. Ce qui devait être une rencontre républicaine risque fort de tourner à un procès politique. Le gouvernement devra rendre des comptes, sous le regard dur d’une opinion publique à bout. Les députés, eux, n’ont plus le luxe de se taire. Il leur faudra choisir entre une complicité par silence ou une responsabilité par confrontation. Quoi qu’il en soit, les ministres concernés par l’insécurité généralisée, dans les villes comme dans les campagnes, doivent déjà préparer leurs notes car les députés n’ont pas l’intention de laisser passer cette occasion pour interpeller les trois ministres.
Julien R.
Tsy misy raha manjary… soa ihany fa sambatra ny vahoaka.