La pression a été si forte qu’il a été obligé de remettre sa démission. Abdelaziz Bouteflika s’en va par la petite, lâché par ses soutiens eux-mêmes harcelés par la population algérienne. Pour le peuple de ce grand pays du Maghreb, c’est une grande avancée sur le chemin de la démocratie, mais il ne s’agit pas de l’aboutissement de la lutte qu’il mène. L’appareil du régime du vieux leader est encore là et les manifestants qui ne sont pas dupe vont continuer à manifester pour que l’ancien système disparaisse entièrement.
Une révolution pacifique saluée par le monde entier
Le printemps arabe n’avait pas déteint sur le régime algérien qui avait réussi à tenir sa population. Mais le système politique était déjà ébranlé, le peuple supportant difficilement l’autoritarisme et la corruption de ses dirigeants. Les vingt ans de pouvoir d’un Abdelaziz Bouteflika vieillissant et malade ont fini par mettre la population à bout. Celui qui a été l’un des compagnons fidèles de Boumédienne a personnifié la révolution algérienne. Sa personnalité et son charisme l’ont menée tout naturellement au sommet de l’Etat. L’Algérie a pourtant évolué et la jeune génération, n’est plus sensible aux directives d’un FLN sclérosé. Cette dernière conteste la manière dont elle est dirigée. Elle a vu la corruption qui régnait et elle a commencé à « ruer dans les brancards ». Elle ne l’a pas fait ouvertement, mais les prémices de la révolte étaient là. L’annonce de la candidature de Bouteflika pour un cinquième mandat a été le déclencheur de la colère de la population. Ce n’était pas un mouvement violent, c’était une contestation pacifique. Il s’agissait de l’expression d’une volonté sans faille. Le pouvoir a cependant eu la sagesse de ne pas réprimer les manifestations. Il y a eu un raz de marée populaire dans tout le pays. C’est dans ce contexte qu’est survenue cette démission d’un président Bouteflika poussé vers la sortie par tout le monde. Mais il ne s’agit pas encore de l’aboutissement de la lutte menée par la population algérienne . Les manifestations vont continuer et d’autres étapes devront être franchies pour qu’une véritable démocratie s’installe en Algérie. Mais le monde entier salue la manière dont a été menée cette révolution pacifique.
Patrice RABE