
Grâce à une Cour Suprême aux ordres, le président Azali Assoumani a de nouveau réussi son …coup.
La haute juridiction vient de rejeter le pourvoi en cassation de l’ancien président Ahmed Abdallah Mohamed Sambi qui est emprisonné depuis plus de 2 ans « sans téléphone ni aucun droit de visite ». Et ce, au mépris des dispositions du code pénal comorien qui fixe le délai légal de la détention préventive à 4 mois renouvelable une seule fois. En somme, la durée de la détention provisoire est de 8 mois au maximum, sinon ce serait de la détention arbitraire voire de la séquestration.
Système de rotation. « Le sort de Sambi est entre les mains du chef de l’Etat », a déclaré le ministre de la Justice avant même la tenue du procès dont l’issue était prévisible de la part d’une haute juridiction aux ordres du président Azali Assoumani. Lequel avait suspendu la Cour Constitutionnelle comorienne et transféré ses prérogatives électorales à la Cour Suprême dont les membres sont nommés par l’auteur du coup d’Etat du 30 avril 1999. Il s’agit évidemment de l’actuel numéro Un de l’Union des Comores qui devait se faire élire en 2002, 2016 et 2019. Afin de se maintenir au pouvoir, il avait, envers et contre tout, fait modifier par voie référendaire la Constitution comorienne qui prévoyait un système de rotation de la présidence tous les cinq ans entre les trois îles de l’Archipel, à savoir Anjouan, Grande Comore et Mohéli.
Hold-up électoral. Natif de Mitsoudjé, une localité située à une quinzaine de kilomètres de Moroni, Azali Assoumani vient donc de la Grande Comore. Son second mandat qui avait commencé en 2016 devrait se terminer en 2021. Pour pouvoir briguer un troisième quinquennat, il avait organisé un référendum constitutionnel et anticipé du … coup au 24 mars 2019, l’élection présidentielle initialement prévue deux ans après. Un « hold-up électoral » validé sans surprise par la Cour Suprême qui permet ainsi à l’ancien putschiste de rester à la tête de l’Union des Comores jusqu’en 2024, voire jusqu’en 2029.
Caution. A l’occasion de la prochaine présidentielle, les adversaires potentiels de l’ancien Colonel seront de nouveau mis sur la touche par la Cour Suprême qui avait déjà invalidé en 2019, les candidatures des principaux opposants pour ne retenir que de simples figurants. En rejetant le pourvoi en cassation d’Ahmed Abdallah Mohamed Sambi, la Cour Suprême cautionne son élimination politique pour ne pas dire son élimination physique car le régime d’Azali n’a pas donné suite à l’évacuation sanitaire de l’ancien président, en dépit de l’ordonnance du juge d’instruction près le Tribunal de Première Instance l’autorisant « à partir à l’étranger pour des soins médicaux suite aux prescriptions de son médecin traitant ». Plus que bananière, l’Union des Comores serait-elle en passe de devenir une République… cocotière ?
R.O