- Publicité -
dimanche, juin 29, 2025
AccueilCultureUs-et-coutumes - Le lafiky : une stratégie pour maintenir le monarque en vie

Us-et-coutumes – Le lafiky : une stratégie pour maintenir le monarque en vie

Lafiky ou lafika qui se traduit en français par soutien est une culture pratiquée par bon nombre de groupes humains à Madagascar durant la période précoloniale. En fait, il s’agit d’exécuter une personne membre d’une famille d’esclaves domestiques lorsqu’un souverain ou un noble meurt. Dans certaines régions, le lafiky est enterré au pied de la tombe de « sa magnificence »… D’après la croyance, l’âme de l’asservi accompagne l’esprit de son roi dans le monde des morts. Même dans l’au-delà, le premier suit les ordres du second. La légende malgache raconte qu’être lafiky d’un ampanjaka s’avère un honneur pour ceux ou celles qui sont désigné(e)s. La plupart du temps, le choix se porte sur les enfants des domestiques, la tradition exige cela car les jeunes sont considérés comme une canne sur laquelle le roi s’appuie en marchant dans l’autre monde. Mais en réalité, c’est loin d’être le cas. Cette culture a été instaurée afin d’assurer la sécurité du monarque et des siens. Pour leur part, les serviteurs agissent de la sorte pour maintenir en vie leur maître afin qu’ils puissent également exister. L’anthropologue Masy Bezaha explique, « Lafiky est une stratégie. Les andevo (esclaves) ne veulent pas mourir. Et quand le roi est malade, ils réunissent des guérisseurs pour que celui-ci soit rapidement sur pied… Pas par amour, ni par conviction, mais par instinct. C’est ce qui se passe dans le palais ». Sous un autre angle, cette loi coutumière fut appliquée en vue d’asseoir le monarque, le plus longtemps possible sur le trône. En 1896, la Grande-Île a été annexée par la France. Le général Joseph Simon Galliéni abolit l’esclavage dans l’intention d’avoir plus de main d’œuvre. D’après les historiens, plus de 500 000 esclaves ont été libérés de leur corvée. Bien que la structure sociale fût chamboulée, cette pratique a persisté dans les zones reculées du pays. En effet, l’usage revêt une forme plus ou moins adoucie. D’autre part, la nouvelle génération remet en question ce rituel qu’elle juge inhumaine. Ayant connu une ascension sociale durant la colonisation, les descendants des domestiques s’y opposèrent fermement. En d’autre termes, l’éducation à l’occidentale leur a dévoilé subtilement les méfaits de la coutume qui a failli les décimer… Pendant l’époque postcoloniale, le lafiky était assimilé à un mythe. Toujours est-il que le mot reste ancré dans la tête des prisonniers du passé lointain. De nos jours, jugé déplacé par le temps, ce rite fait l’objet d’une plaisanterie. Les mœurs et les us-et-coutumes ont été établis non seulement pour transmettre un message, mais aussi pour l’intérêt de celle ou celui qui les a mis en place, voire la confirmation de sa grandeur.

Iss Heridiny

Suivez nous
409,418FansJ'aime
10,821SuiveursSuivre
1,620AbonnésS'abonner
Articles qui pourraient vous intéresser

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici