Comme les dynasties du Sud-Ouest de l’île, celles des Hautes-Terres Merina reçoivent les influences musulmanes à travers de nouveaux migrants, probablement en provenance des îles indonésiennes islamisées. On voit émerger des différences entre ces deux groupes devenus rivaux, plus au niveau de la religion que des origines. Gilberte Ralaimihoatra-Nicole illustre cette religion ancienne des ancêtres royaux des Hautes-Terres dans son ouvrage « Et si la lune ne revenait pas ». L’auteur décrit cette époque de l’Imerina ancien durant laquelle les rois étaient les « maîtres des ancêtres » et décidaient de l’appartenance à la lignée royale. Il s’agit d’une religion méconnue qui est articulée autour d’un calendrier solaire. Cette religion était pratiquée par tous « Elle était le fondement du royaume qui lui devait son roi, sa loi, sa vie » . L’auteur affirme les origines austronésiennes de cette religion et traite du syncrétisme à l’issue des influences de la religion musulmane. En effet, les dernières vagues de migrants indonésiens arrivés à Madagascar sont issues des îles indonésiennes islamisées. Ils seraient arrivés à Madagascar avec les mêmes objectifs « civilisateurs » et de conversion à l’islam que les occidentaux quelques siècles plus tard. C’est à partir de ce moment que l’opposition vazimba/Andriana se met en place. Les anciens rois vazimba résistant à la nouvelle religion mais aussi à une nouvelle politique vont finir pas être totalement exclus. Ainsi, certains rites ont fini par être profondément modifiés, c’est le cas par exemple des bains des reliques royales (Fandroana) au profit du sampin’Andriana. Le Fandroana se déroulait anciennement au mois de septembre et octobre de chaque année : l’Asaramanitra correspondant au nouvel an malgache. D’autres éléments rituels ont changé : le calendrier lunaire moyen-oriental avec la semaine de sept jours ainsi que les mois lunaires ont été totalement adoptés et ont profondément modifié le calendrier solaire. Les origines de ce calendrier solaire sont peu discutées faute d’éléments. Ce dernier est un calendrier agricole de douze mois de noms caractérisés chacun par une référence liée au cycle solaire. Selon Herbert, ces dénominations seraient d’origine Indienne. Sur ce calendrier s’est superposé au calendrier astrologique de 12 noms de destins « malgachisant » des dénominations du calendrier zodiacal arabe. En définitive, la correspondance a été recherchée entre les deux calendriers, le calendrier solaire rythmant la production agricole et donnant un calendrier luni-solaire. Cette « superposition » s’est faite dans la durée et dans la région de l’Imerina, c’est le Roi Andrianampoinimerina qui, en 1805, aurait totalement introduit le calendrier lunaire en le substituant au calendrier solaire malgache.
Recueillis par Iss Heridiny