Les moustiquaires imprégnées d’insecticide sont extrêmement efficaces dans la lutte contre le paludisme. Mais les effets sur l’agriculture biologique pourraient être antiéconomiques.
« Pourquoi l’administration n’a pas pris la peine de mettre en place des mesures d’accompagnement dans la campagne de lutte contre le paludisme, par l’utilisation des moustiquaires imprégnées d’insecticide ». Loin d’eux l’idée de remettre en cause ce système de lutte contre le paludisme qui a fait et qui continue de faire ses preuves aussi bien à Madagascar que dans de nombreux pays pauvres, les opérateurs de la filière vanille tirent la sonnette d’alarme sur le danger de menace réelle que cette absence de mesures d’accompagnement peut avoir sur l’agriculture biologique en général et sur la vanille en particulier.
Usage hors norme. Faut-il en effet rappeler que depuis quelques années, les autorités sanitaires nationales ont procédé à une distribution massive de moustiquaires imprégnées d’insecticide (à base de permethrine) pour lutter contre le paludisme. Comme la distribution a eu surtout lieu durant la phase de transition où l’Etat n’était pas capable de gérer convenablement le pays, les mesures préventives au danger que peuvent représenter ces moustiquaires imprégnées ont fait défaut. Mis à part les conseils d’utilisation, aucune information pratique sur la manipulation et les possibles effets néfastes des moustiquaires n’est visible. Du coup, les paysans notamment ont fait un usage hors normes de ces moustiquaires. Non seulement, la plupart des utilisateurs ruraux ne prennent même pas la peine de se laver la main après chaque manipulation, mais également et surtout, ils lavent les moustiquaires et rejettent l’eau de la lessive dans les champs. Pire, les actions de sensibilisation et d’éducation qui devront accompagner la distribution des moustiquaires imprégnées sont quasiment inexistantes que les paysans les utilisent comme des filets de pêche à la place d’un épervier. Du coup, des gousses de vanille bio sont en partie infestées par des particules de permethrine.
Mesures d’accompagnement. Et les exportateurs sont dans l’expectative et demandent une réaction immédiate de toutes les entités concernées, non seulement ceux dans la chaîne d’approvisionnement de la filière BIO mais également et surtout, les organismes certificateurs de produits Biologiques présent à Madagascar, le ministère de la Santé et PSI impliqués directement dans la distribution de ces moustiquaires imprégnées, le ministère du Commerce et le ministère de la Population afin de réaliser conjointement des mesures d’accompagnement à l’usage de ces moustiquaires. L’objectif de ces mesures d’accompagnement étant d’éliminer toutes possibilités de contamination des insecticides imprégnées dans les moustiquaires. En sachant que les premières victimes de la contamination par ces insecticides sont les bénéficiaires eux-mêmes qui ont besoin de sensibilisation et d’éducation. Bref pour les professionnels de la filière vanille, il est plus que jamais temps pour toutes les entités concernées, à commencer par l’administration de prendre les mesures qui s’imposent pour sensibiliser les utilisateurs des moustiquaires imprégnées sur les effets néfastes de ce genre d’outils de lutte contre le paludisme. Sur ce point, une réunion sur la filière vanille aura incessamment lieu au CCI Ivato. En tout cas, il y a urgence car d’autres produits d’exportation comme le cacao, la vanille, le letchi et la cannelle peuvent également être menacés. Une menace générale sur la filière bio à Madagascar.
R.Edmond.