Avec la disparition de Valéry Giscard d’Estaing, c’est un pan de l’histoire de la cinquième république française qui se referme. C’est l’homme d’État qui a incarné à son accession à la magistrature suprême le changement après les septennats extrêmement pesants de Charles De Gaulle et de Georges Pompidou. Il fut le président des réformes qui ont changé la société française, mais il a subi les aléas de la conjoncture économique internationale qui écorneront son image de libéral et qui le feront sombrer face à un François Mitterrand qui représentait une gauche généreuse et humaine. Mais il reste une grande figure de la cinquième République que tous ceux qui lui ont succédé à la tête de l’Etat. VGE, comme on l’appelait, était un grand homme d’Etat doté d’une mécanique intellectuelle exceptionnelle qui aura marqué de son empreinte cette cinquième république
Valéry Giscard d’Estaing, l’un des géants de la cinquième République
C’était un homme politique brillant, un jeune député que le général De Gaulle a remarqué et dont il fera son secrétaire d’Etat aux finances à l’âge de 36 ans, avant de le nommer ministre. Ce polytechnicien et énarque fera l’admiration de ses pairs au gouvernement. Il prendra ses distances avec le pouvoir gaulliste et appellera à voter contre le référendum du Général en 1969. Durant la présidence de Georges Pompidou, il redevient ministre des Finances et à la mort de ce dernier, il présente sa candidature à l’élection présidentielle contre l’avis du clan gaulliste soutenant Jacques Chaban Delmas. Il est opposé à François Mitterrand au second tour. Sa victoire face à cet homme de gauche se sera dessinée lors du débat télévisé où il dira une phrase devenue célèbre : « Monsieur Mitterrand, vous n’avez pas le monopole du cœur. J’ai un cœur comme vous ». Il devient alors le plus jeune président de la cinquième République. Jacques Chirac est son premier ministre. Giscard lance alors un train de réformes : l’âge de la majorité est abaissé à 18 ans, la loi sur l’ING est votée ; le divorce par consentement mutuel est instauré. La rupture avec son premier ministre est consommée par la suite. La conjoncture ne lui permet plus de continuer sur sa lancée. La crise née du choc pétrolier dégrade son image dans l’opinion. Le scandale des diamants offerts par Bokassa n’arrange rien à l’affaire. Et les Français lui préfèrent François Mitterrand en 1981 ; il se consacrera ensuite au projet européen qui est son autre grand dessein. Il siègera au conseil constitutionnel. Il sera élu à l’académie française.
Patrice RABE